La tête dans la toile.

D'un support l'autre. Ce qui était pensé pour être parlé se retrouve écrit. C'est un exercice curieux. Ce qui était écrit dans une relative urgence pour être consommé, lu, vu, entendu rapidement puis pour passer à autre chose, se retrouve inscrit dans un temps long. Ce qui était écrit pour faire du lien, à l'aide de liens, doit s'abstraire du rebond, de la possibilité de cliquer. Croire que l'on écrit des chroniques isolées, s'apercevoir de la hauteur permise par le livre que l'on a produit un ensemble qui fait sens. C'est un exercice auquel je m'astreins moi-même pour un projet dont je vous reparlerai en temps utile.

Du temps utile d'ailleurs, c'est celui de la lecture de "La tête dans la toile" de Xavier De La Porte, paru chez C&F Editions. Les chroniques radiophoniques de l'auteur regroupées dans un livre. Relire ce livre ce n'est pas refaire l'expérience de l'écoute de ces chroniques. Relire ce livre c'est établir un nouveau parcours. Par touches successives. Le livre commence le 2 septembre 2013 pour s'achever le 3 Juillet 2014. A peu près 200 "chroniques" devenues "chapitres" au seul gré du mois de leur lecture à l'antenne, quelque chose a bougé. Parce que l'idée de (re)lire des chroniques pour la plupart déjà entendues et attentivement écoutées (ben oui, c'est Xavier De La Porte quand même), cette idée qui à nous-même semblait saugrenue (trop d'autres choses à lire), cette idée résiste à l'épreuve des chapitres. Le talent de Xavier y est pour beaucoup. Pour l'essentiel même. La capacité que chacune de ses chroniques, chacun de ses portraits, a de dresser, de pointer, de soulever, d'analyser, de relativiser, de subjectiver aussi, est l'essentiel de la qualité de ce livre. Xavier part du "je", il part de lui, pour nous emmener sur les internets, ces internets chafouins, libertaires, ces internets sécuritaires, morcelés, corsetés, fragmentés, et de nouveau ces internets émancipateurs, libérateurs, accessibles, toujours accessibles. On y croise des hommes politiques, des capitaines d'industrie, des groupes de techno, des traités internationaux, des petits sujets, des grandes théories, de l'universel dans chaque quotidien. La voilà peut-être la deuxième force de ce livre et de son auteur, nous raconter 200 histoires différentes, dire "je" au début de presque chacune d'entre elles, et chaque fois, avec la même constante, la même distance, la même ironie ou le même dépit, nous faire faire le voyage, de l'universel au quotidien, sans jamais, jamais, sortir la tête de la toile. Quand on termine sa lecture, on se dit une chose : raconter les internets ne peut se faire que de cette manière là, en feuilleton, sans prétention de thématiser, sans ambition d'organiser autre chose que la linéarité de sa propre expérience.

Et puis il y a autre chose aussi, ce bouquin est beau. Oui beau. La composition, les choix typographiques, les illustrations au début de chacun des "mois" qui structurent la lecture, un beau bouquin. Par un bel éditeur. Que, oui, je connais, qui, oui, m'a envoyé le livre en cadeau. Il coûte 23 euros. Pour passer votre commande c'est par ici.

Toiel

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