Les vacataires vaches à lait de Nantes Université.

Putain je suis en colère. Vous vous rappelez de l'histoire des "trop-perçu" des vacataires de Université de Nantes ? Mais si vous savez, même que j'avais à cette occasion démissionné de mes fonctions administratives. Nous étions en Février 2020 et "l'affaire" des vacataires avait éclaté en Octobre 2019. Et bien ce soir, fin Novembre 2021, presque 2 ans après cette affaire donc, après 2 ans de covid aussi, j'ai reçu un mail. Un mail de l'une de ces vacataires. Un mail très gentil. Cette vacataire de l'université de Nantes m'explique qu'elle a reçu une lettre recommandée avec accusé de réception, une lettre de l’université de Nantes. L'informant que l'Agent Comptable de l'Université de Nantes est allé directement saisir ce trop perçu sur son compte en banque. Une saisie. La première fois de sa vie pourtant déjà bien remplie qu'elle était confrontée à cela.

"Sans un mot" m'écrit-elle encore. 

Cette vacataire de l’université de Nantes ajoute :

"Mais ils m'ont gentiment laissé de quoi me nourrir pendant quelques jours. Je ne vais pas dépérir."

Voilà. J'ai lu son mail et j'ai retrouvé cette bonne vieille envie de coller des grands coups de pelle dans des tronches. Un mail qu'elle concluait ainsi :

"L'Agent Comptable de l’université de Nantes n'oublie jamais."

En effet. L'université est en train de crever de plein de choses. Mais on y trouve toujours des gens pour creuser toujours plus profond dans l'indignité. 

Plus de deux ans après un dossier déjà géré avec toute la froideur et l'ahurissant mépris dont est capable une machine administrative autonome, plus de deux ans après une crise sanitaire qui a laissé nombre de vacataires dans une misère encore plus grande, l’université de Nantes opère donc directement des saisies sur les comptes en banque de celles et ceux qui l'ont servi (et en la servant ont accepté d'être payé des mois plus tard après avoir rempli des tonnes de papiers administratifs puisque c'est ça … la vie des vacataires …).

J'ai honte putain. Mais que j'ai honte. Honte pour l’université de Nantes et honte pour ce que nous sommes devenus collectivement.

Je me répète souvent cette phrase qu'un ancien ingénieur d'Instagram adressait aux plateformes : "ce que vous tolérez indique ce que vous êtes vraiment." Faut-il que nous soyons tous devenus d'authentiques connards pour tolérer cela. 

Les "vacataires" qui se trouvent aujourd'hui traités comme des malfrats avec un acharnement kafkaïen – "devant la loi" – et une opiniâtreté ubuesque, ces vacataires ont toujours répondu présent même pendant les deux ans de cette putain de pandémie. Et là l’université de Nantes va saisir de la thune directement sur leur compte en banque … Et pas des petites sommes. Pour les dossiers dont j'ai connaissance on est entre 400 et plus de 700 euros. Juste avant Noël. Joli cadeau de l'université. Les étrennes de la honte.

Capture d’écran 2021-12-01 à 15.12.39

Il y a deux choses qu'il ne faut jamais sous-estimer : ma capacité d'indignation, et ma ténacité. Ce n'est qu'une histoire parmi d'autres, mais c'est l'histoire de cette femme disposant de revenus loin d'être mirobolants, qui a été exemplaire pendant la pandémie en continuant d'assurer ses cours à distance, et à qui l'université va donc ponctionner, à la source et un mois avant Noël, ce fameux "trop-perçu" d'il y a plus de deux ans. Oh mais la morale comptable est sauve car l'agent comptable de l'université de Nantes a l'obligation, la loi est bien faite, de laisser sur les comptes ponctionnés, le minimum légal insaisissable, c'est à dire 565,34 euros. Joyeux Noël. 

C'est vraiment à pleurer (de rage).

En recevant le mail de cette vacataire, puis en reprenant contact avec les autres me confirmant qu'ils avaient été l'objet, depuis le mois de Septembre 2021, de la même procédure ignominieuse, j'ai du m'avouer à moi-même que je n'avais jamais vraiment cru que les choses pourraient rentrer dans l'ordre, de manière simple, simplement humainement. Car si l'erreur est humaine – et ô combien les erreurs de l'université de Nantes dans cette affaire furent nombreuses et coupables – il est des moyens et des médiations humaines qui permettent de les réparer, au moins symboliquement si ce n'est comptablement. Mais.

Mais vous savez ce qui est le plus ahurissant ? C'est que plus deux ans après les faits, l’université de Nantes opère donc des saisies directes sur les comptes de ses vacataires (dont certains toujours en activité …) sans jamais, à aucun moment et sous aucune forme, en tenir informés les responsables des formations concernées, responsables qui côtoient chaque jour … ces vacataires. C'est dingue. Absolument dingue. Je vous laisse imaginer la teneur des échanges quand les collègues vont les croiser ou les contacter pour leurs cours et qu'il vont prendre le même genre de shitstorm que celui que je me suis pris hier soir en pleine poire. C’est totalement dingue et on passe (enfin "ielles" passent, moi j'ai démissionné …) pour d'authentiques connards ou pour de cyniques et crasses incompétents. Mais ça, l'agent comptable de l'université de Nantes n'en a cure. Elle ne voit pas, elle n'entend pas, elle ne sait pas. Elle saisit. Avec l'aval de la direction de l'université. Comment pourrait-il en être autrement ? 

Soyons clair et répétons-le : l'immensité des sommes "trop-perçues" a été récupéré par l'université. Le reliquat est dérisoire à l'échelle du budget de l'université. On peut en tout cas le supposer puisque là encore, jamais l'université n'a communiqué envers les premiers concernés (les mêmes responsables de formation, donc). D'autres universités que celles de Nantes, confrontées au même problème, ont fait le choix de passer l'éponge sur ces reliquats d'Harpagon gestionnaire. Elles l'ont fait humainement, discrètement, et assez intelligemment. Mais à l'université de Nantes, même si cela fait 10 ans que tu es vacataire, même si tu as toujours été présent et zélé, même si ce statut de vacataire interdit (entre autres) que tu sois défrayé pour tes déplacements (alors que tu viens parfois de très loin), même si cette affaire de trop-perçu date d'il y a presque deux ans, même si on sort de deux années de Covid, même si dans un mois c'est Noël, à l'université de Nantes, on ne te loupera pas. L'agent croquemitaine comptable de l'université de Nantes viendra te croquer dans ta précarité et si tu as la chance de n'être pas dans la précarité, alors c'est dans ta dignité et dans ta loyauté qu'il viendra inexorablement te chercher, te traquer, te saquer, jusque sur ton compte en banque, à la source, il n'en à rien à foutre de rien l'agent comptable de l'université. Rien à foutre de rien. Il est zélé. Il est discret. Il ne répond pas à mes appels. Rien à foutre de rien.

Alors de la place qui est désormais la mienne, je peux juste me contenter de lire leurs mails, aux vacataires, d'écouter leurs messages, d'en parler, de vous raconter tout ça, de partager ma colère. Et de mettre un peu le zbeul dans le storytelling "de marque" que l'université de Nantes se paie à prix d'or pour devenir la grande "Nantes Université". J'ai pour cela un certain nombre d'idées. J'imagine une cagnotte en ligne qui sera bientôt lancée, pour que pour que les vacataires qui le souhaitent puissent récupérer les dizaines ou centaines d’euros que l’université de Nantes est allé saisir directement sur leurs comptes en banque à un mois de Noël. Et puis on ira faire une photo devant la présidence de l’université pour que tous ces gens voient à quoi ressemblent les gens qui sont derrière les comptes en banque qu’ils saisissent sans honte. Parce que la vie est toujours différente quand on croise le regard des gens que l'on maltraite ou que l'on méprise ou que l'on ignore.

"Ce que vous tolérez indique ce que vous êtres vraiment." Bienvenue sur les cendres de l'université.

3 commentaires pour “Les vacataires vaches à lait de Nantes Université.

  1. L’équipe qui vient de remporter l’élection a t-elle indiqué comment elle voyait la mise en place des réformes nationales actuelles ? Va t-elle mettre en place les droits différenciés pour les étudiants à la rentrée prochaine ? Va t-elle mettre en place les chaires professeur junior au détriment des postes EC normaux, qui resteront congelés ? Quelle est sa vision de la réforme du master en cours ? (qui n’a rien de nouveau) Jusqu’où pense t-elle possible de pousser la logique de l’autofinancement ? Comment prévoir t-elle de faire des économies pour boucher le déficit ? L’hybridation tant vantée et tant propice au financement d’ingénieurs pédagogiques vise t-elle des économies financielles substantielles ?
    La plupart des sujets actuels concernent l’argent et ont été soigneusement non débattus.

  2. “Nul ne ment plus qu’un indigné”. Nietzsche.
    Donc s’indigner est souvent une posture, plus ou moins vraie selon les gens. En général plus elle est fréquente et moins elle est sincère.
    J’ai eu à subir une (petie) saisie sur salaire de la part de l’Etat pour trop perçu. Je connais les pratiques scandaleuses, l’Etat est souvent un piètre employeur qui maltraite non pas par volonté mais par omission ou incapacité.

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