Le rapport de l’institut Montaigne sur le numérique et l’enseignement supérieur (et pourquoi il serait opportun qu’ils retournent sucer des bites en enfer)

Alors je vous préviens je suis énervé. C'est la fin de l'année. Dans mon université / IUT, comme chaque fin d'année, les personnels sont globalement en train d'exploser sous la charge de travail, les arrêts maladie se multiplient et font qu'on se demande comme ça peut encore tourner, bref c'est la fin de l'année. Et l'année prochaine y'a pas mal de formations qui ne seront plus là. Et pour certaines, c'est un vrai mystère, comme pour le Master Architecture de l'information de Lyon.

Et donc. L'institut Montaigne vient donc de sortir son rapport (130 pages). Je l'ai lu. En entier. Juste après avoir lu le billet signalé ci-dessus des anciens étudiants du Master en architecture de l'information de l'université de Lyon. Vous allez comprendre le lien. Enfin j'espère. Notez que les étudiants et les enseignants dudit Master ne m'ont rien demandé. Et l'institut Montaigne non plus.

Je vais me contenter pour ce billet de commenter rapidement les "10 propositions" qui tiennent sur 2 pages mais si vous voulez (vous faire mal) vous pouvez aussi allez lire l'intégralité de ce ramassis de Bullshit. Mais ne comptez pas sur moi pour vous mettre le lien. C'est au-dessus de mes forces.  

  • Proposition 1 Grâce à des données fiabilisées et à des outils d’aide au pilotage, rénover les prochaines vagues de contractualisation des universités et des Communautés d’universités et d’établissements (ComUE) pour aboutir à une simplification administrative de la tutelle des établissements d’enseignement supérieur et de recherche et à un parachèvement de leur autonomie.

Bullshit total. Les outils d'aide au pilotage sont déjà en place. Personne ne sait les utiliser. Et ils changent tous les deux ans. On n'a pas besoin "d'indicateurs", on a besoin d'une stratégie lisible sur le long terme et assortie des financements (et des postes administratifs et enseignants) nécessaires. Si on veut une simplification administrative arrêtons de créer des énormes machins qui servent à rien (par exemple chez moi y'a la COMUE et l'université Bretagne Loire (UBL), j'attends toujours qu'on m'explique l'intérêt du bouzin. Au quotidien je veux dire. Et à part pour faire "des économies d'échelle" dans "l'économie de la connaissance". Et fait c'est là que ça a commencé à merder. Dès qu'on a commencé à accepter de parler "d'économie" de la connaissance, fatalement on a accepté l'idée de faire des économies sur la connaissance en imaginant que la connaissance pouvait donc être immédiatement rentable. Oui oh je sais hein. Je suis une sale vermine communiste. Et tout ça on s'en cogne. Par contre il faut "Parachever l'autonomie" dit l'institut Montaigne qu'est méchant comme une teigne. Tu noteras que dans "parachever" il y a "achever". Je suis une sale vermine communiste sensible à la sémantique. Y'a que ça qui compte pour l'institut Montaigne (et les derniers gouvernements qui ont toujours suivi à la lettre ses recommandations). Parachever l'autonomie. Le but c'est qu'il n'y ait plus qu'une dizaine de "grosses universités" (en novlangue on dit des "universités de recherche", va lire cet article à côté duquel le livre de l'Apocalypse c'est Babar en vacances au pays de Oui-Oui), des grosses universités "de recherche" donc, avec des frais de scolarité "de recherche" à l'américaine (ou à l'anglaise), et autour le désert, c'est à dire des universités "pas de recherche". Donc pas des universités. Et on y va tout droit. Facs en faillite, mises sous tutelle, suppressions massives d'heures d'enseignement, notamment dans le domaine des SHS. La France compte 70 universités. Début Juin la Cour des Comptes alertait sur la situation budgétaire très dégradée de 15 d'entre elles. Enlevez le "très" et gardez uniquement les "dégradées" et vous atteindrez sans peine la trentaine. Mises en faillite orchestrées des unes, fusion des quelques autres survivantes, le compte sera vite fait. Et ce sont les personnels eux-mêmes qui achèveront la bête tellement ils n'en peuvent plus de la voir se déliter ainsi. Je te sers un verre de Bourgogne ?

  • Proposition 2 Permettre un accès libres aux données issues de la recherche et aux espaces d’innovation ouverte, notamment par la poursuite de la modernisation et de la numérisation des bibliothèques.

Avec quel pognon espèce de branquignolle ? Quelqu'un leur a expliqué l'histoire des contrats Hellsevier à l'institut Montaigne ? Ah ben non forcément sur 130 pages de rapport y'a pas UNE SEULE PUTAIN DE MENTION de la notion d'Open Access ou d'archive ouverte. Pendant ce temps dans ma BU je dois me battre pour pas qu'on supprime les abonnements à Publie.net qui coûtent genre 600 euros par an. "La numérisation des bibliothèques" telle qu'elle est menée depuis 10 ans c'est (en terme d'offre de littérature scientifique) du rackett en bande organisée. Tout le monde le sait. Tout le monde sait pourquoi. Tout le monde sait comment en sortir. Ne manque qu'un chouilla de volonté politique. Totalement incompatible avec l'économie de la connaissance, ou l'idée que s'en font les escrocs de chez Elsevier. 

  • Proposition 3 Consacrer un nouveau financement de type PIA (programme d’investissements d’avenir) au développement systématique d’une "souveraineté numérique" française enracinée dans un effort de recherche de grande ampleur. Ces financements permettront l’épanouissement de la créativité française et européenne, tout en entraînant des retombées économiques positives.

C'est intéressant. C'est intéressant de voir à quel point cette phrase ne veut absolument mais alors absolument rien dire. Si tu veux financer des trucs qui développent systématiquement la souveraineté numérique française en l'enracinant dans un effet de recherche de grande ampleur, HÉ BÉ COMMENCE PAR EMBAUCHER DES PUTAINS DE MAÇONS, DE PEINTRES, DE PLOMBIERS ET DE PLÂTRIERS. Et après s'il te reste un peu de thune ben embauche des profs, et des personnels administratifs. Parce qu'une étude américaine a prouvé que les enseignants-chercheurs n'étaient pas les plus mal placés pour faire progresser la recherche et que leurs enseignements étaient d'autant plus efficaces que les amphis étaient raisonnablement remplis. Une autre étude américaine a prouvé que des personnels administratifs formés et disponibles en nombre suffisant contribuaient à l'amélioration notable de l'ensemble du système administratif concerné. Quant à la conquête d'une hypothétique "souveraineté numérique", comment t'expliquer sans être vulgaire que notre vassalité numérique est en grande partie liée aux solutions "politiques" que toi, l'institut Montaigne, tu nous balance depuis des années … Et sinon t'as un message de "la créativité française et européenne" qui te demande de laisser son épanouissement tranquille et te suggère des trucs à bases de bites et d'enfer. 

Proposition 4 Grâce à une concertation nationale sur les modalités et usages du numérique dans l’enseignement supérieur, renouveler le modèle économique des universités et des écoles, en suivant trois priorités :

  • renforcer l’offre et l’organisation des formations : développer la pédagogie numérique, y compris pour la formation continue, créer des contenus dynamiques, évolutifs et collaboratifs
  • accroître l’investissement national pour la rénovation pédagogique : développer de façon très significative le dispositif des Congés pour Recherche ou Conversion Thématique
  • amorcer une grande transformation de la vie étudiante : investir dans de nouveaux équipements et infrastructures.

C'est super. Par contre n'oublie pas que ça coûte un bras. Voire deux. Et qu'indépendamment du fait que la plupart des universités sont saignées à blanc (par Elsevier par exemple niveau budget des bibliothèques universitaires) et n'ont pas reçu la thune que l'Etat leur doit, ben du coup on a pas trop le temps vu qu'on est trop occupés à chercher de quoi "auto-financer" nos formations et nos universités, pendant que nos étudiants sont trop occupés à bosser pour auto-financer leurs études. Mais t'as raison hein. En effet les étudiants ont besoin de nouveaux équipements et infrastructures. Des places en Cité U pour se loger. Par exemple. Des bourses ou genre un revenu minimum ou une allocation leur permettant, justement, d'être étudiant et pas salarié chez Mac Do ou chez Bricorama et, accessoirement, inscrit à la fac. Et pour ce qui est de développer la pédagogie numérique, rassure-toi, c'est en cours. On a même des quotas de formation pour lesquelles sur 400 heures (par exemple) y'en a 10% qui doivent être dispensées "à distance". Alors pour l'instant c'est juste 10% et c'est juste fortement conseillé. Et bien sûr c'est pour développer la pédagogie numérique. Pas du tout pour accompagner une politique de suppression de postes. Pas du tout. En plus la pédagogie numérique, toutes les études américains le prouvent depuis l'invention de son ancêtre la FOAD (FOrmation A Distance), ça marche super super bien. (rires enregistrés). Puisqu'on en parle, c'est vrai d'ailleurs que comme on ne manque pas du tout mais alors pas du tout d'enseignants-chercheurs, autant que les éléments surnuméraires puissent plus facilement se barrer en Congés pour Recherche ou conversion thématique. Ah non vraiment, l'institut Montaigne qu'est méchant comme une teigne, c'est vraiment des gens si t'as besoin de rien faut surtout pas hésiter à leur demander. Des bites donc. En enfer.  

  • Proposition 5 Développer l’activité de laboratoires de recherche et de lieux d’expérimentation en sciences de l’éducation et numérique, pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Si tu veux. Y'en a déjà mais si tu veux. Admettons. Bien sûr je pense qu'il est inutile que je te parle du financement par projet de la recherche ? De l'immarcescible AERES. Avec 1 projet sur 10 qui est financé et toute la paperasse qui va avec ? Tu connais l'histoire du type qui n'a plus de coton-tige pour se nettoyer l'oreille et à qui on prête une hallebarde ? Disons que je suis l'autre type. Celui qui prête sa hallebarde. Nan et puis c'est vrai que "développer" des trucs qui existent déjà, pas juste "faire" des trucs qui existent déjà mais les "développer", bon ben c'est brillant comme idée quoi, ça mérite largement d'être dans le top 5 des 10 propositions de ton rapport. Il mais pourquoi ne vas tu y a un pas plutôt message caché  sucer des bites dans cette en enfer par exemple phrase. 

  • Proposition 6 Former aux enjeux juridiques, éthiques et de sécurité, sur l’établissement des normes, la protection des données, le développement de la recherche sur le blockchain, la mise en place de modules de sensibilisation à l’éthique des données, etc., par le développement de :
    • la recherche collaborative,
    • l’incubation des entreprises issues des processus de recherche publique,
    • la mise en place d’"initiatives early-stage" dans le numérique,
    • la simplification des règles de propriété intellectuelle de la recherche.

Donc former à tous ces enjeux, pour info, on t'a pas trop attendu. La simplification des règles de propriété intellectuelle de la recherche par contre, c'est une vraie bonne idée. Tu vois je sais aussi reconnaître quand tu as raison. Pour ce qui est des "initiatives early-stage", je vais justement reprendre une formation courte au Wall Street English. Cos I Worth It Baby. Tous les étudiants rêvent de partir en stage. Et toutes les entreprises d'accueillir de la main d'oeuvre gratuite et si possible bien formée et opérationnelle. Et si tu me donnes ton adresse perso je vais t'envoyer les offres de stage que je diffuse à mes étudiants (parce que c'est mon travail) et celles que je n'ose même pas leur diffuser tellement on les prend pour des cons (mes étudiants) et tellement y'a des "initiatives early-stage" qui correspondent point par point a des CDI de consultant Senior auprès de grands comptes parlant 4 langues en capacité de gérer des équipes de 200 personnes et d'être porteur de projets à vocation internationale auprès de groupes de financeurs et d'investisseurs. La maîtrise du Mandarin, de la programmation C++ et des fondements théoriques de la physique quantique serait un plus. Sinon vous irez en stage de suçage de bites en enfer comme je le précisais déjà plus haut.   

"Proposition 7 Améliorer l’orientation et préparer aux métiers de l’ère numérique grâce à :

  • une prise de conscience du besoin de développement des compétences nouvelles,
  • une meilleure orientation des effectifs vers les formations les plus performantes sur le plan économique et social,
  • un meilleur accompagnement de l’insertion professionnelle,
  • une meilleure gestion des offres et des productions des universités pour faire face à la hausse des effectifs,
  • un soutien accru à la collaboration public-privé quant aux enjeux d’orientation."

"Orienter les effectifs vers les formations les plus performantes sur le plan économique et social" ????? Wokay. Genre avec du tirage au sort comme pour l'entrée en Master ? Ou directement vers des écoles privées ? C'est quoi une formation plus performante qu'une autre sur le plan économique et social ?? Et qui décide ?? Déjà qu'on m'explique depuis longtemps que la formation dont je m'occupe doit être autonome et auto-financée, si en plus faut qu'elle soit performante … Je vais finir par croire que je suis davantage une agence d'interim qu'une formation universitaire. Pour la collaboration public-privé et les partenariats du même nom, y compris entre universités (publiques) et écoles (privées), sache qu'on est même en train de prendre de l'avance sur le programme que tu proposes. Vu que la vie est compliquée, les droits d'inscriptions scandaleusement élevés et l'état de droit, les écoles privées n'ont, c'est confirmé, définitivement pas le droit de délivrer le grade de Master. Mais à ce prix-là quand même c'est un problème. Problème résolu par la magie des partenariats publics-privés et autres "nouvelles universités" mêlant facs, grandes écoles et boites privées, dans lesquelles on pourrait par exemple réserver des places (en Master public) aux élèves des écoles privées (puisqu'elles sont partenaires) pour qu'ils sortent avec le carnet d'adresse de leur boîte privée et le grade de master de l'université publique. C'est bien foutu hein ? Ah bien sûr sinon on peut aussi tirer les étudiants au sort pour les master qui n'auront pas le bonheur d'être en partenariat public-privé. Non vraiment la vie est bien faite. Donc ta jolie formule "un soutien accru à la collaboration public-privé quant aux enjeux d’orientation" qui consiste donc à permettre au secteur privé et aux entreprises de décider directement quelles formations ouvrir ou fermer, merci mais non. Ou alors des bites. En enfer. Mais plein. Rien que pour toi. 

"Proposition 8 Faire du numérique un levier de développement de l’entrepreneuriat étudiant, grâce à :

  • la mise en place de prix de l’innovation numérique à l’échelle académique,
  • le développement de campus démonstrateurs,
  • la mise en place d’espaces dédiés pour faciliter le développement de projets étudiants,
  • l’organisation des "journées portes ouvertes" numériques,
  • la mise en place de ressources numériques pour des étudiants devenant acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche,
  • le développement des MOOC et autres outils pour mieux gérer l’orientation des étudiants."

Un prix de l'innovation pédagogique. A l'institut Montaigne ils ont toujours kiffé les médailles en chocolat. Tant qu'il y aura des prix, on oubliera que l'éducation a un prix. Sinon je cherche encore à cerner ce délicieux concept de "journée porte ouverte numérique". Et à savoir quel est votre fournisseur de drogue à l'institut Montaigne. Ah oui et aussi c'est vrai que c'est pertinent de chercher à développer des Moocs alors qu'on a 10 ans de retard et que les pays qui ont 10 ans d'avance (genre les USA) ont compris que primo ça coûte hyper mais alors hyper cher, et que deuxio ça ne marche pas mais alors pas du tout. Donc effectivement développons des Moocs. Et des bites. En enfer. Pour ce qui est de "l'entrepreneuriat (sic) étudiant" c'est me semble-t-il une ambition parfaitement légitime qu'il faut à tout prix soutenir, amplifier et développer car il est vital que les forces vives de la nation aient accès aux splendeurs du marché et de la création de valeur (marchande aussi). Dès que le problème de la misère étudiante sera résolu. Parce qu'avant de faire une start-up nation d'étudiants entrepreneurs, on prend quand même 5 minutes pour discuter des étudiants qui vivent sous le seuil de pauvreté non ? Non ? NON ? D'accord. 

Shirt-parodie-l-exorciste-association-des-meres-suceuses-de-bites-en-enfer-blanc-mixtes

 

​"Proposition 9 Afin d’être en phase avec les besoins de la troisième révolution industrielle, de l'iconomie (mais putain sic bordel quoi) et de l'industrie 4.0 (mais WTF de sic), renforcer le partenariat des universités et des écoles avec le secteur privé à travers :

  • la mise en place d’Académies du Management et du Digital à un échelon régional,
  • le développement de tiers lieux sur les campus tels que des incubateurs ou des laboratoires d’expérimentation numérique."

Je suis trop con. Je croyais qu'on était à peine au web 3.0 et j'avais raté l'industrie 4.0 et son "iconomie". Mais même con j'imagine assez bien le formidable truc que seront ces Académies du Management à un échelon régional : d'énièmes organismes en capacité de commanditer des audits qui coûteront un bras de fonds publics pour produire des recommandations contradictoires et contre-productives mais permettant de servir au mieux les intérêts des gens les mieux représentés au sein desdites académies du Management et principalement défendeurs d'intérêts privés. Sur votre lancée, allez plutôt monter une académie des suceurs de bites en enfer, tout le monde gagnera du temps. 

"Proposition 10 Créer des synergies plus fortes entre les espaces d’enseignement supérieur et de recherche européens grâce à :

  • la reconnaissance réciproque des attributions de crédits ECTS autour de formations virtuelles impliquant des étudiants de différentes universités européennes,
  • la mise en place d’un supplément au diplôme numérisé,
  • la mise en place d’un passeport digital européen,
  • la réponse en consortium liant entreprises et académie à des projets H2020 avec accès à des financements européens."

Putain une innovation totale et totalement inédite et disruptive comme il faut. Et genre on appellerait ça un programme Erasmus ? Et on arrêterait de couper les financements qui permettent aux étudiants d'en profiter ? Ah ben non c'est vrai. Faisons plutôt un Erasmus digital pour des formations virtuelles. Comme ça coûtera rien, y'aura même pas besoin de trouver des subtilités de cow-boy pour supprimer ce financement. Mettons-nous à délivrer des crédits ECTS correspondant à des formations virtuelles délivrées en distanciel qui permettront de faire encore davantage raquer les étudiants puisque bien sûr rien de tout cela ne sera gratuit. Et que comme pour les assurances, mieux vaut plein de petits contrats avec plein de petites options qu'une couverture basique multirisque avec un contrat unique. Ben là ce sera pareil. En parlant de modèle assurantiel est-il utile de rappeler la bio de Claude Bébéar, fondateur de l'institut Montaigne ? Dont acte

Voilà.

C'étaient les 10 propositions de l'institut Montaigne qu'est méchant comme une teigne. Je tiens à présenter mes excuses aux mamans suceuses de bites en enfer pour la vulgarité, l'inanité, la vacuité et la nocivité des 130 pages déclinant les 10 propositions de l'institut Montaigne qu'est méchant comme une teigne.

<Mise à jour> Vous verrez qu'à force d'appliquer les recommandations de l'institut Montaigne qu'est méchant comme une teigne on finira par recruter des maîtres de conférences en sociologie sur des CDD d'un an. D'ailleurs voyez. </Mise à jour> 

9 commentaires pour “Le rapport de l’institut Montaigne sur le numérique et l’enseignement supérieur (et pourquoi il serait opportun qu’ils retournent sucer des bites en enfer)

  1. Le Groupe Jean-Pierre Vernant avait fait il y a qq temps un billet tout à fait complémentaire de celui-ci : http://www.groupejeanpierrevernant.info/#LuttePlaces3
    Extrait : “Ainsi, la Coordination des universités de recherche intensive françaises (CURIF) — et donc notre ministre de tutelle — demande en toute discrétion l’assentiment de l’Etat pour pouvoir procéder au dépeçage en règle des acteurs et des moyens de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans ce programme, la règle du “chacun selon ses moyens” — l’égalité des chances — naturalise les “différences” entre les pauvres et les riches et fait de leur différence de “performance” la conséquence de la bonne préparation des uns et de l’insuffisant effort des autres. On a là les prémisses d’une explosion du monde universitaire, d’une sorte de privatisation exacerbée, de la guerre de tous contre tous, sachant que, dès le départ, les uns ont des lance-pierres et les autres des drones, le tout sous couvert de défense d’un service public “pluriel”.”
    Tout ça va piquer les yeux !

  2. Eh. eh 🙂
    Merci pour ce billet qui concrétise parfaitement le malaise ressenti à la lecture du rapport.
    Merci aussi pour “immarcescible” que je ne connaissais pas. Mais, comme je ne le connaissais pas, du coup, j’ai un doute : est-ce qu’il ne devrait pas qualifier l’ANR plutôt que l’AERES (proposition 5) ?

  3. coquillette
    «Et fait c’est là que ça a commencé à merder.»
    moi je dis
    «En fait c’est là que ça a commencé à merder.»

  4. Perso j’aurais plutôt orthographié “chouïa” que chouilla, mais reverso dit que c’est bon aussi. Sinon je plussoie les initiatives early-stage. En fait c’est en train de devenir la norme, même. On te propose un super stage en start-up trop de la chance pour faire du webmarketing international, designer des supports print et des visuels print et web, coder des API web, animer tous les réseaux sociaux du monde, tout en rédigeant des milliards d’articles dans un français parfait. Si en plus tu peux hacker les mailing list avec du retargeting de ouf et appuyer ta stratégie growth hacking avec une approche CRO-iste, alors tu auras une chance de ken une fille (ou un mec) parmi les dizaines d’autres stagiaires qui font tourner la start-up juste le temps de se faire racheter par Google. Qui paiera jamais (mais respectueusement) son amende de 2 milliards et des brouzoufs, mais ça c’est une autre histoire.

  5. Et pour ceux qui aiment rire, n’hésitez pas à aller jeter un œil aux documents internes de votre université (genre lettre d’orientation budgétaire (LOB), plan pluriannuel d’investissement (PPI), plan d’action HRS4R, etc.).
    Vous y retrouverez peut-être, comme dans mon université, exactement les mêmes phrases.
    Peut-être reste-t-il des bites en enfer pour ceux qui valident ces documents ?

  6. Drôle. Mais l’Institut Montaigne devrait recommander la suppression de votre blog dont la découverte concurrence mes activités d’apprenti chercheur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut