Dideropédia et Dalemberpédie

C'est à la fois énorme et magnifique. L'encyclopédie. Le siècle des lumières. Celle de Diderot et D'alembert. Elle est désormais entièrement en ligne sur Wikisource. Entièrement consultable. Entièrement réinscrite.

En arrivant sur cette version, on est saisi de l'ampleur du manque : celui du volume, de la somme, de la linéarité. Vient alors un second saisissement : celui du gain, de l'addition, de l'hypertextualité. Consultable, navigable, éditable, copiable parce que copiée et recopiée, et pour cela partageable, appropriable. Egalement saisi de la tâche de ces copistes anonymes. Qui n'attendent rien. Qui ne sont pas encyclopédistes mais wikipédiens. Qui n'augmentent pas "es qualité" la somme des connaissances disponibles. Qui ne cessent pourtant de l'augmenter, de la stratifier, de l'hyperlier, de la dé-livrer. Nul ne leur a donné mandat. Il se sont auto-saisis de ce qui n'était hier même pas un besoin et qui devient aujourd'hui, par leur ouvrage, une évidence. A eux merci. 

L'encyclopédie commence ainsi :

"L’Encyclopédie que nous présentons au Public, est, comme son titre l’annonce, l’Ouvrage d’une société de Gens de Lettres. Nous croirions pouvoir assûrer, si nous n’étions pas du nombre, qu’ils sont tous avantageusement connus, ou dignes de l’être. Mais sans vouloir prévenir un jugement qu’il n’appartient qu’aux Savans de porter, il est au moins de notre devoir d’écarter avant toutes choses l’objection la plus capable de nuire au succès d’une si grande entreprise. Nous déclarons donc que nous n’avons point eu la témérité de nous charger seuls d’un poids si supérieur à nos forces, & que notre fonction d’Editeurs consiste principalement à mettre en ordre des matériaux dont la partie la plus considérable nous a été entierement fournie."

La suite est là. Un formidable cadeau.

J'ai beaucoup écrit et tenté de réfléchir sur Wikipédia. Dès ma thèse j'avais tenté de définir ce si étrange et fécond encyclopédisme d'usage.

Je vous remets juste cette présentation qui date d'il y a plus de 4 ans mais qui résume assez bien les points essentiels – en tout cas de mon point de vue – de ce projet encyclopédique. Je vous recommande notamment la lecture des Bonus Tracks à la fin de la présentation.

 

Comme le soulignait Lionel Maurel quelque part sur Twitter, une formidable "inclusion". Peut-être également la meilleure manière de lutter contre les enclosures. Le "faire savoir". L'encyclopédie, dans Wikimédia. Un bien commun au carré. Libre de droits et d'usage. #enjoy

 

 

2 commentaires pour “Dideropédia et Dalemberpédie

  1. Merci Olivier pour ce beau billet. J’ai été frappé également par le symbole que représente l’incorporation de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert sur Wikisource.
    En réfléchissant, ce cas permet de saisir la différence et l’articulation entre le domaine public et les biens communs.
    L’appartenance d’une oeuvre au domaine public n’en fait pas ipso facto un bien commun. C’est beaucoup plus complexe que cela. Et les libertés que donne le domaine public peuvent rester complètement théoriques, si l’accès aux oeuvres ne peut se faire que par le biais de supports matériels conservés dans des bibliothèques ou par des rééditions commerciales.
    Pour qu’une oeuvre du domaine public deviennent un bien commun, il faut qu’une communauté s’en empare et la constitue comme telle. Ici Wikisource confère à tous et garantie les libertés que le domaine public institue. Et on pourrait même dire que l’Encyclopédie n’est effectivement (réellement) dans le domaine public que parce qu’une communauté a fait le travail nécessaire pour cela.
    C’est la différence, que j’ai mis assez longtemps à percevoir entre le domaine public et les biens communs, mais elle est absolument essentielle.
    Le domaine public est donc la condition de possibilité pour que des communautés s’approprie des oeuvres et les constitue en biens communs. C’est pour cela qu’il doit être défendu.
    Il y a cependant quelque chose qui m’attriste profondément à propos de l’Encyclopédie. Car ce travail de constitution des biens communs pourrait aussi être accompli par des institutions publiques.
    L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert est aussi numérisée par la BnF et présente sur Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k505351
    Mais les conditions d’utilisation du site rajoutent une couche de droits sur le domaine public http://gallica.bnf.fr/html/conditions-dutilisation-des-contenus-de-gallica
    C’est

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