Agenda : Pecha Kucha à la BnF

(pour le texte de ma présentation, rendez-vous sur Slideshare, et visualisez les commentaires en dessous de chaque diapositive)

Comme annoncé, je serai donc présent Mardi 20 Novembre (après-midi) à la BnF pour un Pecha Kucha entre auteurs de renom, suivi d'un débat qui, pour la partie me concernant, traitera de la question suivante : "en quoi le numérique amplifie, modifie ou déplace l'horizon et les pratiques de lecture." Le tout en 10 minutes naturellement 🙂 Autant vous (re)dire que j'y vais pas vraiment pour approfondir le sujet mais pour le fun (Pecha-Kucha à la BnF) et surtout pour voir (et entendre) des gens que j'estime (François Bon, Lionel Maurel, mais aussi Xavier de la Porte et quelques autres)

Voici la présentation générale de la journée.

"Ecrire web,  ou comment s’invente la littérature aujourd’hui "?
Sur le web, le texte assume le fragment, organise sa porosité aux autres formes d'expression en accueillant l’image, le son. Il invite le lecteur, revendique le collectif. Des écritures s'inventent, s'échappent des formes autorisées, éditoriales, pour réactualiser parfois des formes plus anciennes. Les rôles de chacun des acteurs de la chaîne du livre sont déplacés. Pour toutes ces raisons, et surtout parce que désormais se donnent à voir, comme à ciel ouvert, non pas seulement l'œuvre achevée mais une pratique toujours à l'œuvre, l'écriture web vient questionner l'enseignement, renouveler, peut-être, la relation critique qu'il entretient avec la littérature contemporaine.
Avant d'en débattre, il fallait donner à voir et à entendre. Dix auteurs web sont invités à questionner l’écriture numérique depuis leur propre pratique dans un format original, le Pecha Kucha, qui ajoute à la  performance in situ  une contrainte  temporelle et visuelle.
On  interrogera ensuite avec les auteurs  la spécificité de l’écriture web, ses liens avec le patrimoine et l’héritage des formes, la place du lecteur dans la création, les réseaux d’auteurs, ce qu’il en est des  instances de légitimation, le rôle de l’éditeur et de ceux qui assurent la transmission des œuvres. Enfin,  les questions  relatives au droit et à  la propriété intellectuelle, et les enjeux cruciaux qu'elles recouvrent en terme de création, seront abordées."

Pas de pauvrepoint à l'horizon, je m'appuierai donc principalement sur des constatations déjà analysées sur ce blog, notamment celles-ci :

  • Et si on enseignait vraiment le numérique. Pour insister sur le fait qu'au-delà des pratiques de lecture et/ou d'écriture, c'est surtout dans une activité de publication permanente et rémanente que nous entraîne le numérique. Et que cela déplace nécessairement l'horizon de la lecture.
  • De quoi la page web est-elle le nom ? Pour montrer que si les pratiques (de lecture ou d'écriture) se déplacent autant, c'est d'abord parce que leur unité première (= la page) est comme jmais auparavant déconstruite et/ou en réagencement permanent. 
  • Lectures industrielles (Alain Giffard) : pour souligner à quel point ces lectures industrielles nous contraignent à devenir d'industrieux lecteurs.
  • Documentation haute fréquence : pour comprendre comment la documentation de soi (far-web, near-me) devient le premier prisme, la première contrainte et peut-être la première nécessité d'une lecture des autres, d'une l'alter-lecture.
  • La cathédrale, le clavier et l'étagère : pour saisir le paradoxe suivant : celui de pratiques de lecture à la fois décuplées comme jamais auparavant par l'effet réseau/rhizome du web, mais dans le même temps asservies à des logiques industrielles, et devant se poser de manière urgente la question de la disparition programmée des claviers comme possibilité offerte d'écriture (et donc de lectures ultérieures). La place de la voix et du tactile dans les lectures et les écritures de demain et déjà d'aujourd'hui. Ce que cela dit d'un retour à une oralité et à une interaction primitive mais désormais guidée par le règne de la machine-algorithme.
  • Les industries de la recommandation et l'assujetissement de la suggestion, pour comprendre comment nos lectures sont artificiellement fabriquées.
  • de cette conférence éblouissante d'Eben Moglen, où il explique que "Nous étions des consommateurs de médias, mais maintenant, les médias
    nous consomment. Les objets que nous lisons nous lisent pendant que nous
    les lisons ; les choses que nous écoutons nous écoutent pendant que
    nous les écoutons ; les choses que nous regardons nous regardent pendant
    que nous les regardons.", que la confidentialité de la lecture est comme jamais menacée.
  • De l'avenir de la lecture sans celui de l'acopie.

Si j'en ai le temps (ce ne sera certainement pas le cas), j'aurais aussi aimé pouvoir parler de Michel Serres pour ces nouvelles lectures digitales de sa petite poucette, aimé montrer cette image qui résume déjà pas mal de choses.

Mais je n'aurai bien sûr pas le temps de leur dire tout ça. Donc tout cela est déjà dit ici. La seule chose que je prendrai, peut-être, le temps de leur dire, de leur ressasser, de leur asséner sera la suivante :

Les possibles de la littérature en numérique sont une source inépuisable de nouvelles ouvertures, de nouvelles créations, de nouveaux partages, de nouvelles lectures, mais jamais, jamais il n'avait été également aussi clair et aussi évident que la lecture puisse ainsi cristalliser le choix encore à faire entre une civilisation de lecteurs, ou le retour à une nouvelle civilisation du Livre avec ce qu'elle comporte de dogmes sclérosés et de surveillance généralisée des esprits, à ceci près que ses grands prêtres seront des plateformes de vente, ses évangiles des DRM et sa bible un algorithme.

Et puis parce qu'il n'y a pas de raison que je n'ai pas droit de faire de Pecha-Kucha comme les copains, voici mon pecha-kucha à moi 🙂

Pecha-Kucha

Rappel des règles : 20 diapos. 20 images. 20 secondes par image.

1
La première évidence c’est que le numérique OUTILLE la lecture. Et que cet outillage a un prix.  Peut-être le prix de notre liberté.

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2
En tout cas le prix d’un affrontement.

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3
Eben Moglen : "Nous étions des consommateurs de médias, mais maintenant, les médias nous consomment. Les objets que nous lisons nous lisent pendant que nous les lisons ; les choses que nous écoutons nous écoutent pendant que nous les écoutons ; les choses que nous regardons nous regardent pendant que nous les regardons." La confidentialité de la lecture est comme jamais menacée. Immense bouleversement. Comment s’y prennent-ils ?

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4
Les DRM ont toujours existé.
Aujourd’hui ce sont des machins informatiques « Digital Rights management ». Concrètement ils déplacent le droit de lire du lecteur en un « Droit de regard des managers / machines ». Le DRM c’est l’acceptation d’un Droit de Regard de la Machine

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Droit de copier, droit de partager, droit d’imprimer, droit de prêter, droit de faire lecture à d’autres à haute voix (synthèse vocale). Ces droits fondamentaux sont tous devenus des Douanes, des droits à péage. Qui s’ajoutent au prix du livre.

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Le droit de copier à lui seul est bousculé comme jamais. La question si marginale – et illégitime dans la manière dont elle est présentée – du PIRATAGE écrase toujours celle pourtant si essentielle du PARTAGE. Quel avenir de la lecture sans avenir pour la COPIE ? Se souvenir que Gutenberg n’a pas industrialisé les auto-da-fe mais les COPIES.

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Mais se passe aussi de belles choses liées à bouleversement aussi important que passage du rouleau – volumen – au codex.

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Bouleversement qui comme jamais auparavant nous amène au CŒUR des textes

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De TOUS les textes. De TOUT CE QUI fait texte. Une lecture renouvellée de tout ce qui fait SENS. Parfois jusqu’à saturation, jusqu’à la nausée, souvent jusqu’au VERTIGE. Jusqu’au vertige de rencontres que l’on n’aurait jamais cru possibles.

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Il se passe encore de belle choses dans ces lectures numériques. Dans ces enluminiures inversées ou l’image ne décore plus le texte …

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… Mais où le texte, LES textes, NOS textes viennent enluminer l’image

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De belle choses souvent invisibles quand d’autres, en amont, font le travail. Sans lequel aucune lecture n’est possible. Ajout du blanc entre les mots. Ajout du code entre les mots. Magnifique enluminure du code.

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Il y a la question de la page. Notre capacité à lire, à faire lecture, à donner lecture sans jamais se raccrocher au filet de la page. Car le web comme les livres numériques ne comportent aucune page. On a longtemps cru que le « PageRank » permettait de classer les pages. C’est une erreur. Il ne classe pas les pages. Il classe les gens. Ceux qui publient. Il désigne le rang qu’occupe un individu (Larry Page) qui publie.

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L’unité de publication sur le web c’est moi. « D’après moi » (comme disait Flaubert à propos de Madame Bovary).

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Ce qu’il faut accepter c’est que dans l’anthropologie du web l’espace primitif, l’espace « premier » de la lecture c’est celui de « l’infinite scrolling », du défilement infini. Soit exactement l’inverse de ce que propose la page depuis l’invention du codex.

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D’autant que la page, c’est à dire l’unité visible, est un espace de déploiement, un espace d’appel, qui pour exister comme page doit charger d’autres pages qui sont en fait des flux, doit convoquer des API, exécuter des programmes, doit laisser des marges en permanence ouvertes, des marges qui sont elles-mêmes autant de pages.

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D’autant qu’au défilement infini dans l’espace, fait écho le défilement infini dans le temps. Alors oui. Bien sûr. Le numérique est un nouvel espace-temps de la lecture.

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Lire sur le web, lire « en numérique » c’est d’abord entrer dans une gare de triage. Dans certaines gares on aura toujours besoin de contrôleurs en tout cas si l’on veut éviter certains surgissements inopportuns.

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Blague à part, la question du triage (dans l’espace) et de la synchronisation (dans le temps) est déjà LE grand enjeu de la lecture numérique.

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20
Comme l’est de savoir ce qui dans la lecture, restera un espace ouvert à l’écriture. A une écriture comme, là encore, un possible surgissement, celui du clavier par exemple, aujourd’hui toujours possible. Alors qu’en apparence tout concourt pourtant à son inexorable effacement.

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