Tablette or not tablette ?

Ou plus exactement, "A quoi ressembleront les bibliothèques du futur ?". Rapide interview de votre serviteur à lire sur Télérama.

<Update> Les commentaires sur Télérama étant modérés, je reproduis ci-dessous l'entretien, pour faciliter un éventuel débat </Update>

Olivier Ertzscheid est maître de
conférences (en sciences de l’information) à l’université de Nantes et
à l’IUT de la Roche-sur-Yon. Il tient par ailleurs le blog de référence
Affordance.info.
L'affordance désignant la capacité d'un objet à suggérer sa propre
utilisation, son auteur nous a semblé tout indiqué pour lancer un
premier coup de sonde en direction des bibliothèques du futur.

Certaines bibliothèques publiques américaines proposent des livres numériques depuis 1997, où en sommes-nous en France ?
C'est compliqué… La plupart des bibliothèques universitaires
proposent depuis longtemps des abonnements à des « bouquets » de
périodiques électroniques (en général, sans téléchargement possible).
Avec l'essor actuel du livre numérique (contenus et
contenant), on voit arriver des offres pour les bibliothèques
municipales et les médiathèques : soit par le biais d'éditeurs ou de
diffuseurs traditionnels (Gallimard, Numilog…), soit dans le cadre
d'initiatives innovantes (la référence en la matière étant Publie.net de François Bon).

Le terme “livre électronique” désigne autant le support que le
contenu : que prêtera la bibliothèque du futur ? Des liseuses type
Kindle ou iPad et/ou des fichiers informatiques ?

Très probablement les deux. Quelques expérimentations sont en cours en
France du côté du prêt de liseuses (Issy-les-Moulineaux, Angers, La
Roche-sur-Yon/ Nantes…). Et il est manifeste que les publics des
bibliothèques sont demandeurs et apprécient ce genre de service. Tant
que les prix publics resteront ce qu'ils sont aujourd'hui (plus de 250
€ à l'achat), il y a clairement une place à prendre pour ces
structures. En même temps, la « nouvelle génération » de tablettes
hybrides (genre iPad d'Apple ou Courrier de Microsoft, ou même la
console de jeu Nintendo DS), sur lesquelles on peut lire des ebooks
mais aussi faire plein d'autres activités, risque de pas mal faire
bouger les choses. Pour le reste, on prêtera naturellement aussi des «
contenus », mais avec toute l'épineuse question des DRM (verrous
numériques) que cela implique. Par exemple : beaucoup de BU payent à
prix d'or des abonnements à des ouvrages électroniques « exemplarisés »
: c'est-à-dire que l'on ne peut prêter qu'un exemplaire numérique du
document à la fois… alors que, précisément, cela devrait permettre
d'alléger les files d'attente ou d'éviter de commander plein
d'exemplaires d'un même ouvrage ! Autre épineuse question : celle de
l'offre. Tant qu'on n'aura pas de plate-forme unique (du type http://www.livresquebecois.com)
ou à tout le moins centralisée, cela restera ingérable, parce que trop
dispersé et trop hétérogène (dans les tarifs, les formats, les DRM,
etc.).

En quoi le métier de bibliothécaire va-t-il évoluer, voire peut-être se métamorphoser ?
Au même titre que pour le métier de libraire (à mon avis, en tout cas),
il va falloir se recentrer sur la capacité de prescription, de conseil,
de filtrage. Remettre de la médiation là ou il n'y en a pas (ou pas
assez pour l'instant). Juste deux exemples : en ce qui concerne les
prêts de tablettes, les résultats des expérimentations en cours
montrent que les usagers sont demandeurs de ce service, à la condition
expresse que des bibliothécaires soient capables de les accompagner
lors de la première utilisation et de les aider à charger leurs
liseuses. Autre exemple : pour gérer l'extraordinaire diversité et
hétérogénéité des ressources en ligne, les bibliothécaires doivent
apprendre à se servir des « nouveaux lieux de médiation numérique », de
Facebook à Twitter jusqu'à Dailymotion, YouTube ou Scribd
(un site de partage de fichiers texte), pour aller chercher les publics
là où ils sont et baliser des contenus parfois passionnants et rares
mais noyés dans la masse. Bref, il va falloir aller mettre du « service
public de l'accès à la connaissance » dans les gigantesques silos
numériques du Web…

Devant la variété des formats et des lecteurs, comment les
bibliothèques pourront-elles offrir des services qui seront accessibles
à tous ?

Je n'en sais rien ! Il faut espérer une standardisation de l'offre autour d'un format pivot (comme le format epub).
Côté « liseuses », deux possibilités : soit les « tablettes tout en un
» flinguent les liseuses dédiées, soit on voit cohabiter les deux
offres, terminaux dédiés et liseuses d'un côté et « terminaux couteaux
suisses » de l'autre.

Propos recuillis par Sophie Lherm

4 commentaires pour “Tablette or not tablette ?

  1. @Jean-Charles> je faisais référence (très alusivement je te l’accorde) aux éditeurs pour lesquels, via l’abonnement institutionnel de la BU, on ne peut accéder qu’à une consultation distante, c’est à dire sans possibilité de téléchargement. J’avais été confronté à ce cas de figure il y a quelques temps. Je n’ai plus l’exemple précis en tête mais cela doit pouvoir facilement se retrouver 🙂

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