La LRU avec la mise en place des comités de sélection en lieu et place des anciennes "commissions de spécialistes", était censée abolir le localisme et le mandarinat. Nombre d'universitaires se sont indignés du risque sans précédent de voir le président et son CA disposer d'un droit de véto sur les résultats de la procédure de recrutement effectuée par des spécialistes de la discipline, du risque de renforcer et de légitimer toutes les tentations d'abus de pouvoir et autres effets de cour. Idem pour le lancement de "Galaxie", nouveau portail de parution des postes ouverts au recrutement, et sa possibllité de faire paraître les postes "au fil de l'eau", c'est à dire n'importe quand dans l'année (en lieu et places des 2 sessions habituelles) : l'effet d'annonce ministériel nous promettait ainsi d'assouplir un calendrier trop rigide, et surtout, de donner plus de transparence au processus de parution des postes. Résultat des courses : j'ai recensé, rien que pour l'année dernière, et uniquement dans mon réseau proche, au moins 5 postes qui sitôt publiés ont ensuite tout simplement "disparus" des tuyaux de Galaxie. Et je ne vous narre même pas les différents bugs qui affectent le système. Résultat des courses : une opacité plus grande que jamais dans le processus de recrutement.
Et puis il y a les faits. Qui sont souvent têtus. Dans la myriade des témoignages qui circulent sur différents listes et groupes de discussion, les auteurs du témoignage ci-dessous ont souhaité qu'il soit rendu public. On aurait effectivement tort de ne pas lui accorder toute la publicité qu'il mérite.
À M. Luc JOHANN
Président de l'Université de Metz Paul Verlaine
Ile du Saulcy
BP 80794
57012 METZ cedex
Monsieur le Président,
Le Conseil d'Administration de votre établissement a, dans sa séance du 29 janvier 2010, refusé de suivre le classement proposé par le comité de sélection de 9e section réuni pour pourvoir le poste de maître de conférences n° 0496.
Ce comité, dont nous étions les trois membres extérieurs, avait en effet, par un vote unanime, demandé l'affectation sur ce poste d'un candidat de très haute valeur et répondant parfaitement au profil pédagogique et scientifique que vous aviez défini. Le Conseil d'Administration lui a préféré la candidate classée troisième, qui ne fournissait en rien les mêmes garanties scientifiques mais enseignait déjà dans votre établissement. Or, nous vous rappelons qu'un poste d'enseignant-chercheur n'engage pas seulement l'université qui recrute: c'est la qualité tout entière de la recherche et de l'enseignement au niveau national qui s'y joue.
Nous tenons à vous exprimer notre colère la plus vive et refusons désormais de siéger aux comités de sélection de l'Université de Metz.
Nous nous engageons à donner à cette injustice la plus large publicité et à ne plus participer aux activités scientifiques de votre université pendant toute la durée de votre présidence.
Recevez, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.
Vincent Jouve, professeur à l'Université de Reims
Gilles Philippe, professeur à l'Université Paris III
Éléonore Reverzy, professeur à l'Université de Strasbourg
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