Des habitus individuels de chaque chercheur aux pratiques collectives de champs disciplinaires entiers, c'est bien toute la science qui devient plus ouverte, plus collaborative, davantage tournée vers la société civile, et finalement bien plus aimable.
Petite revue de textes, articles et réflexions pour mieux "comprendre" le mouvement amorcé :
- "La communication scientifique face au Web2.0 : Premiers constats et analyse" de Ghislaine Chartron et Evelyne Broudoux, qui se termine sur 2 vraies questions et - à mon sens - une petite taquinerie (mesquinerie ?) : "Le durcissement actuel de l'évaluation de l’activité scientifique n’est-il pas un frein majeur à l’ouverture des systèmes de lecture et d’écriture des travaux scientifiques ?
(...) Quelles sont les dérives de la communication médiatisée par la technique ? (...) Le cercle vertueux procuré par la « présence Web2.0 » des scientifiques sur le net ne se traduit-il pas essentiellement par un certain nombre d’invitations, de sollicitations à des conférences et à l’écriture d’articles, ces effets positifs participent-ils au renouvellement du débat d’idées ?" - "Chercheurs 2.0 ?" de Gabriel Gallezot et Olivier Le Deuff.
<Nota-Bene>Sur ce terrain, les "majors de l'industrie de la publication scientifique" tentent d'occuper le terrain avec des initiatives par ailleurs intéressantes, dont celle d'Elsevier pour imaginer "l'article scientifique du futur", mais qui ne doivent pas pour autant faire oublier leurs autres initiatives, dont les plus alarmantes sont à l'échelle exacte de leur politique tarifaire.</Nota-Bene>
Ne pas cantonner la science 2.0 à la valorisation de la science 1.0. La science 2.0 n'est pas la valorisation de la science. En tout cas pas uniquement. Pour la valorisation, pour l'ouverture aux publics on dispose d'outils chaque jour plus puissants, toujours davantage vecteurs d'attention. Dernier en date : YouTube.edu (voir l'article d'Educpros à son sujet). Youtube n'est - heureusement - pas seul, et le Collège de France lui préfère par exemple DailyMotion pour diffuser plus de 900 heures de cours. Des outils propriétaires qui déportent "nos" contenus dans "leurs nuages" ... épineuse question déjà largement débattue et illustrée mais chaque jour plus cruciale. Il faudra bien un jour accepter de poser au plus haut niveau de l'état la question de la centralisation et de la diffusion de ces immenses silos scientifiques. Et si l'état ne le souhaite pas - autonomie oblige - qu'il donne au moins mandat (et financement dédié) à 2 ou 3 universités pour accomplir ce travail.
A la marge pour l'instant, la question de ces "nouvelles salles de classe internationales" finira bien également par poser le problème de la reconfiguration nécessaire des actuelles salles de classe nationales. Là encore, espérons que l'on ne jette pas trop hâtivement le bébé du présentiel et de l'accompagnement IRL avec l'eau du bain du numérique et de la formation à distance (d'autant que les bonnes pratiques en la matière ne sont pas encore monnaie courante ...)
Mais il est clair que la pratique même de l'enseignement est chaque jour davantage heurtée par l'accessibilité et la visibilité de ces nouveaux gisements de savoirs académiques.
Ne pas confondre la science 2.0 avec la communication institutionnelle 2.0. Mais ne pas négliger non plus les outils du web contributif pour y laisser l'empreinte numérique de son institution. Sur le comment faire, voir notamment ici.
Je signalais ici : http://lafeuille.homo-numericus.net/2009/11/safari-la-librairie-dans-les-nuages.html
deux choses à ajouter à ce billet : http://blogs.bmj.com/bmj/2009/11/02/richard-smith-the-beginning-of-the-end-for-impact-factors-and-journals/
Et ceci : http://www.deepdyve.com
Rédigé par : Hubert Guillaud | 04 nov 2009 à 10:07
Pour info, depuis 2005 je fais aussi une petite veille sur les usages et les outils collaboratifs dans les sciences. Certains liens vous intéresseront peut être:
http://delicious.com/wikilious/science2.0
Rédigé par : lilious | 19 jan 2010 à 15:18