Le plug-in de la redocumentarisation.

La redocumentarisation** vient de s’offrir son premier plug-in (si c’est pas le premier, vous me le signalerez en commentaires :<Edit> merci Hubert, effectivement … </Edit>). L’idée est simple : il s’agit pour une plateforme de blog (WordPress) de permettre d’aller piocher directement dans les photos déposés sous licence idoine (creative commons) dans une base de donnée adéquate (FlickR), et d’insérer ladite photo pour illustrer votre billet. Le billet de ReadWriteWeb explique tout cela en détail (et avec des images). Ce dispositif déjà très puissant laisse raisonnablement espérer que demain (web sémantisé + micro-formats + progrès significatifs dans la recherche d’images) il sera possible d’obtenir le même résultat non plus en tapant un terme à la recherche d’une illustration, mais en "appelant" simplement l’illustration la plus adéquate sur la base d’une analyse (indexation) à la volée du texte en regard.

<Incise pour secte pédauquienne, les autres peuvent sauter ce passage>Il s’agit donc davantage et stricto sensu (cf définition ci-après) de documentarisation que de "re"-documentarisation, mais comme l’objet supportant cette documentarisation (blog WordPress) est sui generis un objet redocumentarisé et redocumentarisable, je considère qu’il s’agit davantage de redocumentarisation.</fin de l’incise>

On aurait à mon avis tort de voir là un simple petit gadget de plus
pour bloggueurs-geeks. Ce phénomène de redocumentarisation systématique
et possiblement automatisée (ou en tout cas grandement facilitée) de
toute trace (texte, vidéo, audio, photo), s’applique aujourd’hui à des entrepôts gigantesques de données, mais avec une
granularité remarquable. Une granularité des contenus et des
micros-contenus qui, via ces macro-agrégateurs que sont les
sites-entrepôts (FlickR, YouTube, Del.icio.us pour n’en citer que
quelques-uns), va permettre de rendre le processus de
redocumentarisation totalement transparent et parfaitement intuitif. D’ailleurs, en y repensant, la recherche universelle, dernière trouvaille en date de nos chers moteurs, n’annonçait-elle pas déjà cette redocumentarisation universelle à la portée de tous ?

Pour conclure et le dire autrement, ce premier plug-in de la redocumentarisation ouvre la voie à une petite révolution documentaire : celle du passage à un âge où nous produirons simultanément et "nativement" un contenu (texte, image, vidéo), la documentation associée, et quelques-unes des redocumentarisations possibles s’y rattachant. Ce qui ne sera rien d’autre que la suite logique de la vidéo de M. Wesh … "We’ll need to rethink a few things …" We’ll need to rethink documents.

**Pour ceux qui lisent ce blog en diagonale (et pour quelques-uns de mes étudiants), définition de la redocumentarisation par Jean-Michel Salaün :

  • "Pour définir la re-documentatisation, il faut commencer par s’entendre sur le terme «documentarisation». Documentariser, c’est ni plus ni moins traiter un document comme le font (…) les professionnels de la documentation (…) : le cataloguer, l’indexer, le résumer, le découper, éventuellement le renforcer, etc. (…) L’objectif de la documentarisation est d’optimiser l’usage du document en permettant un meilleur accès à son contenu et une meilleure mise en contexte.
    Le numérique, par nature, implique une re-documentarisation. Dans un premier temps, il s’agit de traiter à nouveau des documents traditionnels qui ont été transposés sur un support numérique en utilisant les fonctionnalités de ce dernier. Mais le processus ne se réduit pas à cette simple transposition. En effet, bien des unités documentaires du Web ne ressemblent plus que de très loin aux documents traditionnels. Dans le Web 2.0 (…) la stabilité du document classique s’estompe et la redocumentarisation prend une tout autre dimension. Il s’agit alors d’apporter toutes les métadonnées indispensables à la reconstruction à la volée de documents et toute la tracabilité de son cycle. Les documents traditionnels eux-mêmes, dans leur transposition numérique, acquièrent la plasticité des documents nativement numérique et peuvent profiter des possibilités de cette nouvelle dimension.
    " in La redocumentarisation : un défi pour les sciences de l’information.

(Temps de rédaction de ce billet : 45 minutes)

3 commentaires pour “Le plug-in de la redocumentarisation.

  1. Quel moyen y aurait-il de mesurer la qualité du travail de redocumentarisation ? Le documentaliste qui documentarise un document primaire dans le cadre de son établissement choisit des métédonnées en fonction des usagers du document dont ils connait les besoins et la langue. Le documentaliste à double compétence documentatisera avec compétence ! Le biologiste-documentaliste travaillant dans un labo de recherche en biologie indexe des articles extraits de périodiques spécialisés en choisissant des mots-clés sur la base de ses connaissances en biologie ET en gestion de l’information. Double compétence donc.
    Mais quid du non-documentaliste non-spécialiste d’un domaine ?
    Parce que derrière l’intuitif et la trasparence dont vous parlez se cache bien souvent le vide. À cet égard, l’exemple que vous donnez est saisissant. L’article de blog agrémenté de vidéos ou de photos choisies automatiquement par un programme d’analyse du contenu aura-t-il une quelconque valeur ? de cette valeur ajoutée documentaire qui doit beaucoup à l’esprit de finesse, c.-à-d. à un art de la diagonale, du raccourci, du parallèle, audacieux et hasardeux. Je veux bien croire que l’article de mon blog qui raconte ma visite des pyramides de Gizeh aura belle figure enchâssé dans des photos Kéops et des vidéos du Sphinx, mais qu’apporteront ces illustrations à mon texte ? Aussi bien, de ce texte, l’essentiel tiendra en deux phrases qui n’ont rien à voir avec les pyramides, rien à voir avec l’histoire et la ruine des civilisations mais avec un je ne sais quoi de très personnel et néanmoins universel (bien sûr). Ou encore, ce qui est accessoire pour moi dans mon texte sera essentiel pour un lecteur. Le travail de documentarisation, objectif ou pseudo, s’oppose à celui de la lecture, subjectif, la documentarisation vraie consistant à réussir ce précipité entre objectif et subjectif qui dira du document autant qu’il est possible de dire tout en laissant dire ce que l’autre pourrait en dire…

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