Next Big Thing : cataloguer l’individu.

Comme je l’ai déjà souvent indiqué – permettez que je m’auto-cite – : "la prochaine grande collection documentaire vécue comme utopie motrice, sera celle de la collection des individualités humaines." (j’ai d’ailleurs récemment commis à ce sujet une petite bafouille qui paraîtra dans le prochain numéro de la revue Arabesques, et que je vous mettrai en ligne dès qu’elle sera parue)
Le site Facebook vient d’annoncer l’ouverture de sa base de donnée aux moteurs de recherche (pour les utilisateurs qui ont autorité une vue "publique" de leur profil en s’inscrivant sur Facebook, c’est à dire probablement la majorité, la discrétion sur ce genre de site n’ayant que peu d’intérêt et conséquemment peu d’adeptes). Pour l’instant, seuls les utilisateurs majeurs (ou s’étant déclarés comme tels ……) seront "indexables".
Facebook n’est pas le premier réseau social à s’ouvrir ainsi (quoi qu’en y réfléchissant bien … si vous en connaissez d’autres les commentaires sont ouverts), mais il est quantitativement l’un des plus importants à le faire, et son poids symbolique dans l’écosystème actuel du web donne à cette ouverture une teneur particulière.
Même si cette ouverture peut à première vue sembler n’avoir que peu d’intérêt (on tapera le nom d’une personne et on affichera donc sa photo plus quelques infos – date de naissance, adresse, etc – parmi les résultats), je peux attester (étant inscrit depuis peu sur Facebook) que l’étendue des informations privées et intimes qui circulent sur ce réseau est énorme. L’avenir dépendra donc de la profondeur d’indexation qui sera permise aux moteurs de recherche (ou que les moteurs de recherche s’autoriseront).
Mais indépendamment de ce qui sera au final renvoyé parmi les résultats desdits moteurs, ils auront accès à un ensemble beaucoup plus vaste d’informations, marquant une nouvelle fois une perte pour les utilisateurs de ces services, celle de la maîtrise de l’adressage du flux d’informations les concernant.

(Via : John Battelle et Danny Sullivan. Voir aussi :  TechCrunch US)

5 commentaires pour “Next Big Thing : cataloguer l’individu.

  1. Bonjour,
    ce catalogage d’individus n’est-il pas déjà en usage sur les sites de rencontres ? Il me semble que les utilisateurs y remplissent une grille visant à les caractériser de manière plus ou moins précise afin de faciliter une recherche par les autres utilisateurs : exemple -> je cherche un homme de 25-40 ans qui aime sport et habite près de Paris… de la même manière que je peux chercher un livre publié après 1985 sur l’art roman et disponible dans telle annexe de mon réseau de bibliothèques !
    Après, la différence se fera au niveau de l’usage et des pratiques : du plaisir au commerce en passant par les échanges culturels…
    Pascal

  2. Pascal> Bien sur, ce cataloguage est celui des sites de rencontre et plus généralement des réseaux sociaux professionnels (LinkedIn et autres). Mais la différence avec cette ouverture de leur base de donnée à l’indexation par les moteurs de recherche est qu’elle marque le passage à une autre échelle. Pour le dire autrement : que je me connecte au minitel rose dans mon coin ou sur Meetic, soit. Que j’y déclare mes goûts, mes préférences sexuelles, soit. Mais elles ne sont visibles que par les autres utilisateurs de ces services, utilisateurs entre lesquels il existe une sorte de pacte tacite, et utilisateurs qui sont “protégés” tant qu’ils demeurent dans cet environnement fermé (Meetic ou autres nécessitent d’être enregistré et d’avoir son code d’accès pour consulter les profils). Si demain, ces profils sont entièrement ou ne serait-ce que partiellement visibles sur Google ou sur un autre moteur généraliste quand je tape mon nom, cela risque de causer pas mal de problèmes. Bien sûr me direz-vous, l’utilisateur à le choix d’autoriser ou non cette indexation “publique”. Dans la rhétorique marketing autour de ce lancement, c’est la règle de l’opt-in qui est présentée (vous indiquez que vous voulez être indexés). Mais dans la pratique, dans les usages, on peut penser que c’est très rapidement celle de l’opt-out qui va prévaloir … Affaire à suivre en tous les cas.

  3. Xiti (http://www.xiti.com) est un exemple d’un réseau social “ouvert”…
    Il est important de pouvoir garder le controle de son image, à ce sujet des entreprise US commencent déjà à se spécialiser dans cette “gestion de l’image” sur les moteurs de recherche.
    De plus, concernant Facebook un bon article http://technology.timesonline.co.uk/tol/news/tech_and_web/article2474779.ece
    Des personnes envoient des intimidations par mails. Ces personnes ont accès à de nombreuses informations sur vous grâce à facebook, et sont capables d’écrire des mails menaçants avec des détails de votre vie… De quoi devenir parano!
    En ce qui me concerne un blog reste le plus sûr moyen pour controler son image et c’est beaucoup plus interessant qu’un facebook… A vos claviers!

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