Bibliothèque numérique : “combien de projets, combien de capitaines …”

A l’occasion de la formation de l’autre jour sur les bibliothèques numériques, j’ai eu l’occasion de m’interroger sur la mise en place de deux projets concurrents redondants. D’abord il y a celui dont tout le monde parle (presse, listes professionnelles, blogs) : le projet BNUE initié par Jean-Noël Jeanneney en "réponse" aux ambitions de Google, projet dont rien n’est pour l’instant visible, hormis quelques fugaces apparitions
Et puis il y a un autre projet de bibliothèque numérique européenne, baptisé TEL (The European Library) initié lui dès 1999 et qui est "un portail qui donne un accès unique à toutes les ressources (livres,
revues, journaux…. – sous forme électronique ou non) des 43
bibliothèques nationales d’Europe. La recherche est gratuite. L’accès
aux documents électroniques peut être payant dans certains cas.
" A la différence de la BNUE, ce projet est d’ores et déjà doté d’une interface fonctionnelle et consultable à l’adresse http://www.theeuropeanlibrary.org/
Chose étrange, le rapport du comité de pilotage français de la BNUE mentionne et n’épargne pas ce second projet : "On peut s’étonner du faible niveau d’avancement de ce projet (sic) (et ce d’autant qu’il
faisait suite au projet Bibliotheca Universalis lancé en 1995, et malgré les"financements investis), et du caractère totalement confidentiel et absolument pas orienté vers les internautes de cette réalisation.
" (p.66). En fait, ce qui est principalement reproché à ce projet par les experts du projet concurrent, c’est qu’il n’offre pas de "visualisation commune". Les documents numériques repérés s’affichent dans l’interface de leur bibliothèque d’origine.
Les discours et communiqués à propos de la BNUE font tous l’impasse sur le projet TEL. Pourtant, les ambitions de deux projets sont identiques, leurs finalités également. Et il est indéniable que le second (TEL) et nettement plus avancé que le premier (BNUE). Il ne paraitrait donc pas aberrant que l’on se serve du projet le plus avancé (TEL) pour le faire évoluer dans le sens voulu par Jeanneney et la BNUE en mettant simplement en place ce qui lui manque, c’est à dire une interface de visualisation commune des documents. D’autant que les experts du rapport cité plus haut insistent et concluent sur le fait que : "il est encore possible que les bibliothqèes nationales de
tous les pays européens se mettent d’accord pour répondre de manière
commune aux sollicitations des trois acteurs majeurs de l’Internet.
" Oui il y a urgence. Alors comment expliquer que devant cette urgence l’on préfère refinancer un projet doublon démarrant à partir de rien plutôt que de s’appuyer sur un projet existant et (de mon point de vue) relativement abouti. Les pertes (de temps et d’argent public) risquent d’être chèrement payées par les acteurs concernées et les usagers compte-tenu de l’avancée de projets marchands ou industriels des moteurs de recherche (MSN, Yahoo! et l’OCA, Google Print) qui, eux, n’abusent pas d’inutiles atermoiements.
On trouvera peut-être quelques éléments d’explication dans la récente constitution, par la communauté européenne, d’un groupe d’experts sur les bibliothèques numériques (laquelle communauté européenne est, rappelons-le, partie prenante du financement des deux projets BNUE et TEL … on comprend donc qu’elle ait besoin d’experts pour la conseiller sur l’intérêt de financer deux projets redondants …) : dans ce groupe d’experts, on trouve, représentant la France, le président de Thompson et celui de Hachette Livre. Lequel Thompson est à l’origine du prototype fantôme de la BNUE. Jean-Noêl Jeanneney, lui, est absent du groupe (normal, il "dirige" le projet BNUE … oui mais pourquoi Thompson dans ce cas là ??). En revanche, la directrice de la British Library y est présente. Laquelle British Library ne participe pas au projet BNUE, préférant tisser sa propre trame numérique avec Google et MSN … Peut-être que Miss Lynne Brindley (directrice en question) conseillera au groupe d’experts de conseiller à la commission européenne de conseiller à la BNUE d’arrêter les frais et de travailler avec Google et Yahoo! 😉 Dans cette affaire, c’est indéniablement Thompson qui place le mieux ses propres pions :

Et puis tiens, si deux projets ne suffisaient pas, en voici un troisième … avec toujours un peu de BnF dedans … On vit une époque formidable.

5 commentaires pour “Bibliothèque numérique : “combien de projets, combien de capitaines …”

  1. Jean-Noêl Jeanneney veut rester dans l’histoire, alors surtout que TEL ne lui fasse pas d’ombre quitte à dépenser l’argent du contribuable.
    Il doit quand même avoir des suées de voir que la british library ne s’associe pas au projet.
    Franchement, la BNUE s’est montée sur la croisade d’un seul homme et c’est franchement déplorable.

  2. Chacun cherche son chat

    C’est le billet d’Olert qui m’a mis la puce à l’oreille : trop de bib numériques, c’est trop !
    Là-dessus, Biblio.fr se fait l’écho d’un nombre assez impressionnant de messages sur les “vieilles bibliothécaires” (sic) qui s’opposeraient générationne…

  3. Bibliothèque numérique : un projet de plus.

    En ce moment, les bibliothèques numériques ont la côte. Après l’Europe de la BNUE, l’Europe toujours mais de TEL cette fois, après la Francophonie, voici le (un) modèle Allemand de bibliothèque numérique.Il s’appelle Dandelon.com. A y regarder de plus …

  4. Bibliothèques (pas) net(tes)

    Parution du dernier numéro du BBF. Je vous recommande notamment : l’article de Gauthier Poupeau sur wikis et blogs le compte-rendu d’une journée DADVSI à La Roche sur Yon (:-) et tout le reste, car tout est bon dans le

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