Une perspective moderniste pourrait laisser croire que l’auteur est à l’origine du livre. Que le livre est d’abord et avant tout le produit d’un ou de plusieurs auteurs, qu’il a besoin pour exister, de s’inscrire dans cette filiation. Pourtant, l’histoire des techniques littéraires oblige à renverser cette opinion.
- « Le commanditaire d’un tableau ou d’une fresque ne veut plus une Crucifixion ou une Nativité mais un Bellini ou un Raphaël. L’artiste naît en même temps que l’auteur, création tardive et typographique de la page de garde du livre imprimé. » [Debray 92 p.325].
C’est donc bien le livre-objet dans ce qu’il a de plus pragmatique qui inaugure l’existence de l’auteur.
Les traités d’histoire littéraire ainsi que la plupart des ouvrages de bibliophilie s’accordent pour situer l’apparition de la page de titre vers 1480, quelques années après l’invention de l’imprimerie, alors qu’un « savoir livresque » est déjà constitué en tant que tel, qu’il produit de la connaissance, à son tour commentée, analysée. Cette absence d’auteur – au sens moderne du terme – remonte au livre fondateur qui n’en a nul besoin puisqu’il est l’incarnation originelle de la Parole, et dans lequel figurent pourtant déjà, au titre de commentateurs et d’exégètes, les apôtres des évangiles.
La figure de l’auteur n’apparaîtra vraiment et ne se stabilisera dans son sens qu’à compter du basculement dans la civilisation de l’imprimé. Tant que l’oralité demeure le mode prédominant de transmission et de communication, toute mention d’autorité paraît superflue : la parole racontée se régénère de manière spécifique, l’une de ses conditions premières est précisément de s’enrichir des ajouts de ceux qui la transmettent, et il importe, pour que cette chaîne de la communication ne soit pas brisée, que toute référence à une autorité stabilisée soit, sinon absente, à tout le moins dissimulée et non contraignante.
A partir du moment où la trace que laisse cette parole se déplace de l’inscription corporelle de la mémoire pour basculer dans celle, matérielle, du livre, à compter du moment où elle cesse d’être un relais pour devenir un repère, le besoin d’identifier de manière stable et définitive celui qui en est l’origine se fait toujours plus contingent.
L’hypertexte nous offre l’occasion de saisir le déroulement complexe et historiquement enchevêtré de cette notion en même temps qu’il inaugure une distribution originale des différents aspects de cette notion plurielle. L’auteur est tour à tour : « celui qui est la cause première de quelque chose. (…) Celui qui a fait un ouvrage de littérature, de science ou d’art. (…) Dans le langage des sciences, de la médecine, celui qui soutient telle ou telle opinion. (…) Celui de qui l’on tient quelque droit. » La richesse des aspects que l’auteur paraît englober est déjà très vaste et l’hypertexte l'amplifie encore avant de le repréciser. Sur le site du Consortium W3 on trouve la définition suivante de l’auteur : « Un auteur est une personne ou un programme qui écrit ou génère des documents HTML. Un outil-auteur constitue un cas particulier, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un programme qui génère du code HTML. »
S’il n’est pas étonnant de constater que la composante biologique n’est plus une condition sine qua non de l’écriture (comme en témoigne l’exemple des « traitements » de texte), il est en revanche problématique d’attribuer, ex abrupto, le statut d’auteur à un programme informatique et cela ne peut être fait qu’après avoir retracé le parcours qui mène de l’invention de la page de titre à celle des générateurs de textes.
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Rédigé par : Louis Vuitton Authentic | 16 octobre 2013 à 21:04