Tous les concepts qui gravitent autour de l’hypertexte sont affectés par cette notion (le "livre"), qui exerce sur eux une attraction d’ordre « gravitationnelle » : elle regroupe, elle « tient ensemble » et elle fédère les forces en présence. Elle établit des distances et des pondérations.
La première sphère de ce qui constitue notre « réalité littéraire » à être affectée par l’hypertexte est donc celle du livre. Pour des raisons historiques tout d’abord. Nous vivons en effet dans la civilisation du livre, qui, constitué à la fois comme medium et comme message, est l’incarnation privilégiée de toute littérature tout en entretenant avec elle des rapports métonymiques complexes qui font que si la littérature EST d’ordre livresque, c’est initialement parce que le livre EST la littérature.
La forme même de l’objet livre conditionne notre rapport au savoir. Ainsi, le passage du volumen au codex permit l’instauration de nouvelles formes de lecture, plus critiques, comme l’exégèse par exemple. Cette première révolution fut suivie par celle de l’invention de l’imprimerie qui lui conféra toute son amplitude. Mais au-delà de ses modalités pratiques, techniques et socio-cognitives, l’héritage culturel dont le livre est porteur l’inscrit dans une trajectoire complexe. C’est le récit de l’évolution de ces relations individuelles et collectives, au monde du savoir et de la connaissance, au travers de ce filtre que constitue la « forme-support » qu’est le livre, que nous voulons entreprendre ici.
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