Chère Anne Frank.

<Edit du Jeudi 8 Octobre> Bon ben voilà. On dirait que je suis le gars qui a mis un gros bordel sur les internets. Ce billet – et ceux des camarades qui m'ont suivi – est repris un peu partout, Anne Franck a passé la journée en Trending Topic sur Twitter – ben oui … Les articles de presse tombent, Mediapart, Arrêt sur Images, 20 minutes, probablement Libé bientôt et probablement d'autres. Un salut particulier à l'équipe de Rue89 et à Xavier De La Porte qui ont reproduit mon texte et proposent également les deux fichiers illégaux sur leur site.

Beaucoup de choses sont en train de se dire et de s'écrire. Certaines sont justes et peuvent être discutées (elles le méritent), d'autres sont uniquement des réactions épidermiques – c'est le jeu – en mode "c'est un scandale / salaud !" ou "quelle attitude courageuse". Ce n'est bien sûr ni l'un, ni l'autre.

Le but premier de ce billet était de porter cette question (le domaine public, les ayants droits) sur la place publique. Là au moins … c'est fait.

Je vais couper toute connexion jusqu'à ce week-end et reviendrai dimanche soir ou Lundi sur ce blog pour répondre aux arguments de ceux qui me reprochent de l'avoir fait et expliquer plus en détail pourquoi je l'ai fait.

En attendant un merci sincère pour les nombreux messages de soutien que je reçois depuis ce matin (par mail, en commentaire, par téléphone ou sur Twitter), un merci tout aussi sincère à celles et ceux qui ont choisi de s'associer à cette initiative en étant tout aussi conscients que moi des risques qu'ils prenaient, en en prenant parfois davantage, a fortiori lorsqu'il s'agit de journaux, d'acteurs ou d'institutions publiques (oui oui, des bibliothèques proposent ces fichiers sur leurs sites).

Je précise juste deux choses :

  • je ne suis pas "un blogueur" qui a mis en ligne ces 2 fichiers. Je suis un universitaire qui depuis 15 ans réfléchit sur les problématiques de l'accès ouvert, qui connaît les modèles de l'édition, qui sans être juriste a, disons, un avis relativement étayé sur les questions juridiques sous-jacentes, qui a lui même été édité, à touché des droits d'auteur, a aussi choisi parfois de ne pas en toucher. Je connais et bosse régulièrement avec des auteurs, des éditeurs, des traducteurs. Je sais de quoi leur quotidien est fait. Je sais combien il est pour certains difficile. Je suis aussi un enseignant à l'université qui chaque année, forme – ou déforme … – une grosse centaine d'étudiants sur les questions et les enjeux du numérique, des droits d'auteurs, de la circulation et de la mise à disposition des savoirs et des connaissances. Le fait de clamer ainsi d'être un "universitaire" n'ajoute ou n'enlève rien à ma démarche, ni ne la justifie d'aucune manière, mais elle est tout de même une manière de rappeler que cet acte illégal dont je me suis rendu coupable a été accompli en parfaite connaissance de cause, mais qu'il ne l'a pas uniquement été sur un coup de tête ou un énervement passager et qu'il s'inscrit dans le cadre de la réflexion et de l'analyse que je m'efforce de mener depuis 15 sur ces questions, et sur un autre risque, le risque, tout aussi considérable, qu'il y aurait eu, une nouvelle fois, à ne rien faire.
  • je suis aussi un "militant", et oui, il n'est pas totalement infondé d'assimiler mon acte d'hier soir à celui des faucheurs volontaires, comme cela a souvent été fait sur Twitter. J'ai publiquement et sous mon vrai nom rendu accessibles des fichiers illégaux que n'importe qui peut récupérer en tapant simplement le nom d'Anne Frank sur Google suivi du mot clé "pdf" ou "epub". Le fait de le faire publiquement n'a pas pour seule vocation de faciliter le travail de la justice pour remonter jusqu'à moi. Il est un nouvel épisode de cette "guerilla" qu'Aaron Schwartz appelait de ses voeux dans son manifeste :

    "Nous avons besoin de récolter l’information où qu’elle soit stockée, d’en faire des copies et de la partager avec le monde. Nous devons nous emparer du domaine public et l’ajouter aux archives. Nous devons acheter des bases de données secrètes et les mettre sur le Web. Nous devons télécharger des revues scientifiques et les poster sur des réseaux de partage de fichiers. Nous devons mener le combat de la guérilla pour le libre accès.

    Lorsque nous serons assez nombreux de par le monde, nous n’enverrons pas seulement un puissant message d’opposition à la privatisation de la connaissance  : nous ferons en sorte que cette privatisation appartienne au passé. Serez-vous des nôtres  ?"

Bon week-end. Bonne lecture. Et à bientôt pour d'autres nouvelles.

</Edit>

 

Très chère Anne,

Comme une immensité de collégiens et de lycéens j'ai d'abord découvert ton journal en cours de français à l'âge où tu mourrais dans un camp de concentration. Te voilà depuis des décennies régulièrement inscrite dans les programmes scolaires. La première fois que l'on lit ton journal (en tout cas la première fois que je l'ai lu), il s'agit presque d'un texte comme les autres, un texte du "programme", qu'il faut lire "pour le cours de français". Alors on le lit. Plus ou moins attentivement. Et quelque chose en nous change. Oh bien sûr on ne s'en aperçoit pas immédiatement. On ne le comprendra que plus tard. Lorsque avec quelques années de plus nous serons de nouveau confrontés à ton texte. A ton récit. A ton journal. Au souvenir de cette lecture. Lorsque nous en saisirons toute la force, ce récit ordinaire d'un tragique extra-ordinaire, ce récit d'une très jeune femme, conduite à la mort par la folie des hommes. Morte en 1945.

Une jeune femme dont le récit à permis à des milliers d'élèves, qui deviendront des milliers de citoyens de grandir, tout simplement. De s'élever.

Très chère Anne, ton journal, comme toute autre oeuvre littéraire devait lui aussi s'élever dans le domaine public l'année prochaine, en 2016, soixante-dix ans après la mort de son auteur, soixante-dix ans après ta mort. L'entrée d'une oeuvre dans le domaine public est toujours, toujours, une chance. Parce qu'à compter de ce jour il ne s'agit plus simplement d'une oeuvre mais d'une part de notre mémoire et de notre histoire collective. Mais je te parle de mémoire, à toi, très chère Anne, voilà qui doit te faire sourire. Qui mieux que toi sait à quel point la mémoire est importante. A quel point elle est un devoir. Ce devoir de mémoire. Qui mieux que toi y a contribué, au sacrifice de sa vie.

Très chère Anne, je viens d'apprendre que ton éditeur et les gens qui gèrent ton oeuvre, le "fonds Anne Franck", s'opposaient à l'entrée de ton journal dans le domaine public l'année prochaine. Ils ont, chère Anne, toute une série d'arguments juridiques et légaux, qui semblent juridiquement et légalement indiscutables. Il faudra donc attendre. Attendre encore 50 ou peut-être même 70 ans après ce qu'ils considèrent comme la "première" édition de ton journal, qui d'après eux remonte à 1980. Tu imagines un peu Anne ? Ton journal n'entrerait dans le domaine public qu'en 2030, voire en 2050. Plus d'un siècle après ta mort dans ce camp.

Attendre un siècle après la mort d'une jeune femme juive de 16 ans dans un camp de concentration pour que son témoignage, son journal, son oeuvre, puisse entrer dans le domaine public.

Qui sont-ils Anne pour s'opposer ainsi à l'entrée de ton journal dans le domaine public ? Le fait que tu sois morte depuis 70 ans ne leur suffit donc pas à ces éditeurs et à ces gestionnaires de droits ? De quels "droits d'auteur" veulent-ils maintenir la rente après avoir déjà vendu plus de 30 millions d'exemplaires de ton journal ? A qui bénéficient ces droits ? Aux enfants que tu n'as pas eu ?

Anne, très chère Anne, je t'écris cette lettre pour te demander la permission de ne pas attendre 2050. A la fin de ce message, je mettrai en ligne ton journal. En faisant cela j'accomplirai un acte illégal. Il est probable que "ton" éditeur ou que ceux qui se disent gestionnaires du fonds qui porte ton nom, il est probable qu'ils m'envoient leurs avocats, me somment de retirer ce texte, me condamnent à payer une amende.

Je m'en moque Anne. Car le temps qu'ils le fassent, ce texte, ton texte, ton journal aura déjà été copié par des centaines de gens, qui à leur tour, je veux le croire, le mettront alors également en ligne.

Je sais que tu ne m'en voudras pas. Il ne me faut aucun courage pour le faire. En le faisant je n'entre pas en résistance. Je ne prends d'autre risque que celui d'offrir à ton texte, quelques mois avant le délai légal de 70 ans, un peu de lumière.

Il y a ce texte, ton texte Anne. Après ces années de cave, d'obscurité, cette obscurité si pesante dans ton journal, il est temps que tu retrouves ta place. Et puisque le domaine public t'es refusé, puissions-nous collectivement avoir l'intelligence de t'offrir enfin la lumière que tu mérites, celle que ton journal mérite, celle de l'espace public.

Bienvenue dans la lumière, chère Anne.

Dimanche 13 décembre 1942.
"Chère Kitty,
Je suis confortablement installée dans le bureau de devant, et je peux regarder dehors par la fente de l'épais rideau. Bien que dans la pénombre, j'ai encore assez de lumière pour t'écrire."

Extrait de: Anne Frank. « Le Journal d'Anne Frank. »

 

<Edit du Jeudi 5 Novembre> J'ai reçu un courrier de "mise en demeure" du Livre de Poche me demandant de retirer les fichiers. Ce que je fais. Et vous en reparle dans un prochain billet, demain ou en début de semaine prochaine. <Edit du Jeudi 5 Novembre>

Anne_franck_wip_by_s3lwyn-d5bxkx0(image sous licence Creative Commons. Deviant Art.)

Nota-Bene : les versions diffusées ici le sont donc illégalement. Parce que je juge cette "illégalité" crapuleuse, et me tiens prêt à en assumer les conséquences. Je m'excuse en revanche auprès des traducteurs du journal d'Anne Franck, Ph. Noble et Isabelle Rosselin-Bobulesco, leurs droits d'auteur à eux, sont parfaitement justifiés mais diffuser la version néerlandaise originale n'aurait guère eu de sens.

 

27 commentaires pour “Chère Anne Frank.

  1. C’est beau, c’est magnifique. MERCI.
    Et s’il y a des frais d’emmerdes jurid..DE JUSTICE, je propose de créer le «fond des gens qui aiment Anne Franck non vénalement» pour collecter les dons! Ma CB est prête 🙂
    <3

  2. Bonjour,
    je ne comprends pas trop la raison de votre indignation.
    Le Journal d’Anne Franck n’est pas une oeuvre interdite, on la trouve dans toutes les librairies.
    Et les gens qui n’ont pas d’argent peuvent trouver le Journal d’Anne Franck gratuitement dans toutes les bibliothèques.
    L’ouverture des droits dans le domaine public signifie bien souvent une commercialisation à outrance de manière parfois tout à fait opposée à l’esprit des oeuvres.
    Bonne journée!
    Jeanne

  3. Bonjour,
    Très bel hommage, je n’ai pas encore eu l’occasion de lire ses mémoires mais j’en ai tellement entendu parler qu’il serait temps que je m’y colle.
    @Jeanne : De ce que j’ai pu comprendre de cet article c’est qu’on ne sait pas de prime abord à qui profite le bénéfice de ces achats et de ces prêts. Est-ce pour une oeuvre de bienfaisance ? (j’en doute, on en aurait entendu parler lors de l’étude de l’oeuvre, une telle information, cela ne s’omet pas!). J’ajoute à cela qu’en dépit de l’entrée de l’oeuvre dans le domaine public, cela n’empêche pas les utilisateurs de faire attention au droit moral qui lui n’a pas de limite de date (respect de l’auteur et respect de l’oeuvre).
    Et comme dit l’auteur de cet article, il s’agit tout simplement de mettre en lumière ces mémoires qui frôlent les ténèbres..
    Timothé

  4. Peut-être pourriez-vous, Jeanne, Bio, Timothée, lire l’article avant de le commenter ? Il ne s’agit pas de mettre en ligne le livre tel qu’il est effectivement accessible en bibliothèque ou en librairie, mais d’en faire connaître le texte authentique, non expurgé. En outre, il faut distinguer entre un Journal et des Mémoires (qu’Anne Frank aurait peut-être rédigés si elle avait survécu).
    S.N.

  5. C’est juste magnifique, sincère.
    Je ne vois pas comment on peut faire une once de reproche à votre démarche. Le journal d’Anne Frank (sans C) est l’un de ces rares livres qui a changé ma manière d’appréhender l’histoire, de voir la vie, l’humanité.
    J’en suis sorti grandi, avec un supplément d’empathie et un petit peu meilleur.
    C’est une lecture que j’ai tellement eu envie de partager pendant ces longues années, et c’est encore plus le cas en ces années troublées.
    Alors oui, il est presque vital de diffuser ce journal au-delà d’intérêts peut-être légaux, mais probablement mercantiles. Merci, cher héros voyou 😉

  6. Billet très juste. Dont je partage l’esprit.
    Mais, d’un point de vue pragmatique, je suis plus sceptique : imaginons que la maison d’édition d’un Alain Soral décide de profiter de cette entrée dans le domaine public pour éditer le livre. Est-il acceptable que les droits du journal d’Anne Frank puissent ainsi contribuer à financer une association pro-nazie ?
    Imaginons aussi que certains éditeurs antisémites décident de sortir une “édition critique” avec des notes révisionnistes, à la limite de ce que le droit permet, et de souiller ainsi le texte ?
    Les principes que vous alléguez sont les bons ; cependant leur mise en œuvre doit être plus sereinement réfléchie.

  7. @Gilles : là n’est vraiment pas la question. Le principe est que 70 ans après le décès de l’auteur l’oeuvre tombe dans le domaine public. On a pas à juger de l’utilisation qui en est faite, on peut éventuellement faire le procès d’un éditeur et de ses pratiques en général, mais il n’y a pas à remettre en question le principe de domaine public à cause d’une oeuvre versus la philosophie d’un éditeur.

  8. @Serge : Autant pour moi je m’excuse, c’est bien un journal. En ce qui concerne la lecture de l’article, je ne commente que très rarement un article et quand je le fais je le lis bien entendu. Pour la diffusion de l’oeuvre il est tout à fait logique que ce soit le texte qui soit diffusé et non le livre physique en lui même. Quand bien même la diffusion de l’oeuvre comprend à la fois la version traduite censurée et la version non-censurée.
    D’ailleurs n’y a-t-il pas de débat sur la version non-censurée ? (droit d’auteur du père)

  9. @Lila découvrez Calibre, l’outil à tout faire pour les lecteurs d’ebook. Vous pourrez convertir un epub en pdf (même si ce n’est franchement pas un format adapté à la lecture qui plus est d’un long document) mais aussi en azw3 pour ceux qui possède une liseuse de chez Amazon. Et si vous lisez sur PC utilisez directement un lecteur d’epub (il y en a un d’intégré dans Calibre) et sur tablette/smartphone il existe une multitude d’application pour lire des epub. En clair le PDF n’est franchement pas une bonne idée mais c’est vous qui voyez.
    http://calibre-ebook.com/
    Sur le fond, autant je suis d’accord pour que passez un certain temps les œuvres entrent dans le domaine public par contre j’ai plus de mal à comprendre comment des éditeurs pourraient ensuite avoir le droit de se faire du pognon sans en reverser un part à l’auteur ou ces descendants. Idem pour la musique, la photo etc. Pourquoi un éditeur qui n’a aucun lien à l’auteur aurait le droit de se faire du pognon sans rien reverser ? Si on reste sur du non marchand ok mais à partir du moment où il y a monétisation d’une œuvre tombée dans le domaine public ça m’interpelle.

  10. 1980 disent-ils ?
    J’ai lu (comme tout le monde) le journal d’Anne Franck dans ma jeunesse, c’est-à-dire dans les années 1960, en édition française, en livre de poche.
    Donc bien avant 1980…

  11. Bonsoir,
    Je vous remercie profondément pour votre démarche.
    Vous contribuez ainsi à rendre hommage à Anne à son œuvre à son journal qui éclaire sur une partie des plus sombres de l’humanité.
    Je voudrais également vous citer un des passages du livre de Willy Lindwer qui bien des années après la guerre a retrouvé 6 femmes qui ont survécu à la déportation et qui ont rencontré Anne et sa famille dans les camps de Westerbork, d’Auschwitz et de Bergen Belsen.
    Ces femmes racontent l’enfer de leur captivité et témoignent des rencontres avec Anne durant les sept derniers mois de sa vie.
    L’une d’elles dit :
    “En Israël ou nous habitons, Anne Franck est à la fois une légende et une jeune fille vivante. Elle suscite un grand intérêt. il existe quelque part une rue Anne Frank. Le journal a été traduit en hébreu.
    Lorsque ma fille est allée aux Pays-Bas, sa première visite à été pour la maison Anne Frank. J’y étais farouchement opposé. J’avais refoulé ce passé depuis plus de quarante ans, je voulais vivre normalement.
    J’ai cédé malgré tout et j’ai éprouvé une sensation étrange.
    J’avais rencontré Anne à son arrivée à Westerbork, si vive et serviable, quand son père m’avait demandé de lui venir en aide. Les visiteurs photographaient chaque recoin, chaque étagère, surtout les Japonais.
    Ma fille savait que j’avais connu Anne, elle m’a dit “Maman tu dois raconter aux gens que tu lui as parlé, fais quelque chose, dis leur ce qu’elle a vécut.”
    Je n’ai pas pu. Je n’aurai pas su m’y prendre. Cette Maison d’Anne Frank m’inspirait une curieuse sensation. Tous ces gens, ces appareils photo.
    Je revoyais Anne si amaigrie à Bergen Belsen, si malade, me parlant d’une façon si poignante de ses rêves de jeune fille, de son désir d’écrire, de voyager, d’aimer, et j’ai pensé que toute cette mise en scène, cette excitation ne lui ressemblaient pas. J’ai écrit dans le livre d’or : Anne n’aurait pas voulu cela”.
    Merci,cher Olivier, de contribuer au devoir de mémoire par votre action.
    Le journal doit tomber dans le domaine public.
    Vous avez mon total soutien.
    Valerie Meyer

  12. Bonjour Olivier
    Tu as un soutien de poids, niveau député
    http://isabelleattard.fr/blog/2015/10/journal-danne-franck-polemique-autour-de-lentree-dans-le-domaine-public/
    Même si plus nuancée sur la version que tu as fournie illégalement. La députée Isabelle Attard parle de la version Néerlandaise, ce qui n’est pas faux.
    Les traducteurs ne sont pas tous décédés, et on oublie un peu trop souvent qu’ils sont aussi “auteurs” de leur traduction.
    Mais au moins, tu as le mérite de mettre les pieds dans le plat et de poser les bonnes questions.
    La fondation n’est peut-être pas la seule à pouvoir défendre un des patrimoines littéraires de l’humanité !
    B. Majour

  13. “Le fait que tu sois morte depuis 70 ans ne leur suffit donc pas à ces éditeurs et à ces gestionnaires de droits ? De quels “droits d’auteur” veulent-ils maintenir la rente après avoir déjà vendu plus de 30 millions d’exemplaires de ton journal ? A qui bénéficient ces droits?”
    Pour obtenir une réponse partielle à ces questions, il suffit d’aller sur le site du Fonds Anne Frank, fondation à but non lucratif, où l’on apprend entre autres ceci : “Income from the sale of books and licences is used for a wide range of charitable and educational projects.” et plus précisément sur cette page : http://www.annefrank.ch/234/items/the-diaries-of-anne-frank-to-remain-copyright-protected-for-many-more-decades.html
    “The Fonds is ran by an unpaid board and has an office of three part time employees. (…) Indeed, all proceeds from the copyrights are used for good causes. AFF supports hundreds of projects worldwide. It has, for instance, a partnership with Unicef to protect children’s rights anywhere in the world.”
    Quelques exemples des projets financés sont présentés sur ce même site (orphelinats, projets éducatifs, etc.)
    Ceci à titre d’information, pour répondre à ceux qui, ici et là sur la toile, ont parlé de la “cupidité” des ayants droit, de “poule aux oeufs d’or” ou autres “rentes”. Termes parfaitement justifiés dans certains cas (il arrive par exemple que des éditeurs ne puissent acquérir les droits de traduction d’un texte étranger par la faute d’ayants droit et/ou d’agents trop gourmands, empêchant ainsi des lecteurs potentiels de les découvrir), mais pas ici, il me semble.
    Du reste, la traduction française existante du Journal ne pourra être libre de droits avant longtemps, car ce sont les traducteurs qui en sont les auteurs. Vous le soulignez, certes, mais il aurait été plus logique, je crois, de diffuser la version originale, ne serait-ce que par respect pour ces auteurs de l’ombre.

  14. Merci à Blandine! Je trouve que c’est un point très important d’informer sur la mission et le but du Fonds Anne Frank. Donc les raisons pour la prolongation des droits n’ont rien à voir avec un enrichissement. Que sont donc les raisons derrière cette decision des ayant-droits? Je pense qu’elles sont plûtot d’empêcher la commercialisation d’un nom si connu comme celui d’Anne Frank (comme Jeanne a déjà écrit) et aussi d’empêcher l’abus néo-naziste et antisémitique du texte. Et ces raisons je trouverais tout à fait justifiées.

  15. Bonjour,
    nous avons également relayé votre appel, sur le Point de graissage http://www.imagespensees.org/?var_mode=recalcul. Il y a tant à dire en ce moment sur le droit d’auteur et ses avatars, sur les délires des éditeurs (les français n’ayant rien à envier aux autres sur l’absurde d’appropriation des textes sous couvert de défense des “auteurs”). Une bonne initiative à ne pas oublier de relayer, de soutenir, le Rapport Reda pour une ouverture des droits d’auteur sur l’Europe.

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