Lost in Publication Problem

Tiers-lieu du Cloud.

Comme le rappelle cet article, la dernière étude du cabinet Gartner (Juin 2012) estime que dans 4 ans (2016) c'est plus du tiers de nos données personnelles qui seront uniquement stockées dans le Cloud, contre 7% actuellement. L'étude indique également que l'essentiel des besoins de stockage pour les particuliers continuera d'être assuré par des sites et réseaux sociaux gratuits, l'augmentation du besoin "global" entraînant mécaniquement une augmentation des besoins "de niche" avec monétisation (option freemium) :

"Gartner predicts that consumer cloud storage needs will be satisfied
through free social media websites, such as Facebook, where many
people store their photos to allow for sharing with friends.
As the amount of data consumers are looking to store in the cloud
increases though there will be increased demand for additional
space and opportunities, Gartner predicts, for vendors to offer
integrated storage services.
"

DTC. Direct to cloud.

Autre point frappant de l'étude et de l'analyse Gartner, le fameux (?) "direct-to-cloud model" (DTC), parangon d'une forme renouvelée de médiation vécue d'abord comme remédiation au coût cognitif du choix d'un archivage choisi et raisonné : plutôt que de se poser la question de savoir ce que l'on doit garder ou non, si on doit le garder, où, combien de temps et avec qui et sur quels critères le partager (coût cognitif exorbitant donc), les sociétés du Cloud nous proposent un modèle de stockage direct  (DTC) qui ramène à zéro ce coût cognitif. Pour que nous acceptions plus facilement ce pari au demeurant toujours très risqué de "tout mettre en ligne tout de suite et de le partager avec tout le monde par défaut" sans que notre surmoi ou un éclair de lucidité ne nous souffle que "heu … p'têt que cette photo là, vaudrait mieux pas", il est dans un même temps nécessaire de multiplier les unités mémorielles publiées et la facilité ou l'automatisme de leur publication. D'où les solutions "intégrées" et "pousse-bouton" équipant l'unité de base de publication de l'humanité connectée, j'ai nommée, leur smartphone qui devrait en fait être rebaptisé app-phone

"Cloud storage will grow with the emergence of the personal cloud, which in turn will simplify the direct-to-cloud model,
allowing users to directly store user-generated content in the cloud," says Gartner principal research analyst Shalini Verma.
"As storage becomes a part of the personal cloud, it will become further commoditized. Therefore, online storage and sync
companies need to have a strategic rethink about their future approach.
"

Lost in publication problem.

<HDR> Des entreprises de la synchronisation et du stockage. De la synchronisation surtout. Or comme rappelé ici, toute synchronisation pose et soulève des problèmes de cardinalité, c'est à dire de repérage dans un espace-temps donné (ou, en l'occurence, soustrait). C'est cette absence de repérage cognitif comme possibilité d'amorce d'un travail de conservation ou d'archivage dédié, qui fonctionne comme une nouvelle incarnation du problème fondateur de l'étude des environnements hypertextuels, problème posé dès 1987 par Conklin** et connu sous le nom du "lost in hyperspace problem". Conklin faisait à l'époque de cette désorientation la conséquence d'une surcharge cognitive définie comme "l’effort additionnel et la concentration nécessaire pour maintenir plusieurs tâches ou plusieurs parcours [trails] en même temps."

Presque paradoxalement, nous sommes aujourd'hui confrontés à un nouveau problème, inverse : la surcharge cognitive présidant à la navigation est devenue une "sous-charge" (dé-charge ?) cognitive de la publication. <incise> ce phénomène étant lui-même une résultante des logiques de souscription qui sont venues remplacer celles de navigation – browsing </incise>

Il s'agissait, en 1987, de résoudre le problème "top-down" de la quantité d'information effectivement gérable par un utilisateur dans le cadre d'une tâche donnée, sans que l'utilisateur ne soit perdu ou désorienté au beau milieu de sa (ses) stratégie(s) de recherche. La réponse fut apportée au bout de 10 ans par les industries de l'accès (Google naissait en 1998).

Il s'agit aujourd'hui de gérer le problème "bottom-up" de la quantité d'informations effectivement "éditables" et "affichables" dans les environnements informationnels connectés d'un maximum d'utilisateurs donnés. La réponse est apportée par les industries du stockage (cloud computing), elles-mêmes mères des industries de demain : celles de la synchronisation. <incise> D'où l'enjeu majeur que continue de constituer la maîtrise des logiques de ranking éditorial (voir des exemples à propos des dernières modifs de l'algorithmie Facebook par ici ou au travers de l'édifiant récit du Monde.fr) </incise>

Il s'agissait, en 1987, de trouver les moyens d'augmenter les capacités cognitives nécessaires à la navigation.

Il s'agit aujourd'hui de trouver les moyens d'alléger le coût cognitif de la publication comme condition de la survie sociale en environnement hypertextuel. Comme pacte fondateur d'une économie de l'attention hors laquelle chacun d'entre nous sait individuellement ce qu'il a à perdre : au moins un tiers de ses données personnelles à l'horizon 2016. Hors laquelle chacune des industries de la synchronisation sait également ce qu'elle pourrait y perdre : 1000 milliards d'euros en 2020 </HDR>

** Conklin J., « Hypertext : An Introduction And Survey. », pp. 17-40, in IEEE Computer, vol. 20, n°9, Septembre 1987. En ligne : http://www.ics.uci.edu/~andre/informatics223s2007/conklin.pdf

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