La danseuse et l’ouragan.

Internet. Un réseau de réseau. Non propriétaire. Libre de droits. A-centré. Distribué. Réparti. Architecturé selon un mode client-serveur. Accessible en tous temps et en tous lieux. Censé l'être en tout cas.

Du vent dans les nuages.

Au titre de dégât collatéral, l'ouragan "Sandy" est venu rappeler qu'Internet et donc le web ne sont pas des réseaux vaporeux, intangibles, impalpables. L'ouragan Sandy est venu rappeler qu'Internet et le web, sont aujourd'hui, à l'ère du "cloud", plus que jamais et comme jamais auparavant, des industries lourdes (comme je le rappelais notamment ici, diapo 12 à 22 en particulier), une sidérurgie du partage et du commerce, de l'acier des échanges, des hauts-fourneaux du service.

Industrielourde

Le passage de Sandy a mis en carafe de très nombreux datacenters, rendant les services associés inaccessibles. Gawker, le HuffPost, Gizmodo, Trello, Amazon et tant d'autres, en carafe temporaire.A titre d'exemple, ce message reçu le 30 octobre de la société Trello :

"Hello olivier ertzscheid,
New York City was hit hard by Hurricane Sandy last night, and Trello has been down as a result of the severe flooding in lower Manhattan. We're very sorry for the outage.
Trello is back online at the moment, but we aren't completely out of
the woods yet. We're running on generator power at the moment. Should
the generators fail, we're also investigating several alternative
solutions.

We will continue to make progress updates on our company status blog (http://fogcreekstatus.typepad.com/) and Twitter account (https://twitter.com/fogcreekstatus).
Again, our sincerest apologies for the downtime. We assure you we're doing everything we can to get Trello up and running as soon as
possible.
"

D'amazon à Trello. Les petits et les gros. Tous égaux devant ce caprice de la nature. Comme le rappelle l'article du Monde, Sandy a frappé une "zone dense" :

"La côte est américaine constitue une zone dense pour les datacenter. D'après le site spécialisé Datacentermap, il y en aurait plus de 150 entre les Etats de Virginie, du New Jersey et de New York."

 

Data-center-dense

Ci-dessus, la carte des DataCenters de la côte Est américaine. Ci-dessous, la carte de l'arrivée de Sandy sur la même côte Est.

Sandy-hurricane

Peu de choses, d'organismes, de sociétés, de phénomènes sont aujourd'hui capables de faire tomber le réseau dans son ensemble. De provoquer une grande panne. Une panne en forme de paradoxe. Car s'il est si important que le réseau tienne, c'est parce qu'il est, aussi, le premier lieu de secours.

Google-sandy

Le premier lieu de l'information comme secours et comme recours. Loin de l'infotainment (contraction d'information et d'entertainment), peut-être la naissance de l'infovival (contraction d'information et de survival) ?

Les 3 fléaux ?

La première, c'est l'ICANN qui contrôle l'attribution et l'assignation des noms de domaines. La poste du réseau. Imaginez un monde, votre monde physique, dans lequel toutes les adresses gérées par La Poste auraient disparues ou auraient été mélangées.

La seconde c'est Google. Parce que Google contrôle et règne en maître sur cette économie de l'accès. Et que chaque mise à jour majeure de l'algorithme PageRank, chaque Google Dance est vécue comme un nouvel ouragan. Parce qu'à l'image d'un ouragan, on connaît à peu près son tracé et sa force mais on est incapable de dire quelle sera l'étendue des dégâts dans tel ou tel périmètre. On ne compte plus les sites web littéralement dévastés, c'est à dire déclassés suite au passage de l'ouragan de la Google Dance. 

La troisième s'appelle Sandy. Elle est une force naturelle. Qui nous rappelle que le réseau en est une autre. Que quelques millénaires d'évolution technique ne valent rien devant elle(s). Que le réseau cette fois encore comme le roseau de la fable, plia et ne rompit point sauf en quelques endroits. Sauf en de très nombreux endroits. Sauf en sa "zone dense" précisément. Que cette fois Sandy n'a pas tué l'internet.

Que Sandy est un joli nom de (google) danse(use).

Mais que la prochaine fois peut-être … dans une fable appelée "La danseuse et l'ouragan" …

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