2 manifestes pour le prix d’un : récupération des biens communs et domaine public

La théorie des biens communs.

Petite explication par l'un de ses hérauts et principal vulgarisateur francophone (alias Hervé Le Crosnier):

  • "Au XIIe siècle, un droit d’usage voulait que dans les forêts et sur les terres communales, les villageois soient autorisés à laisser paître leurs bêtes, ramasser du bois mort, récolter du miel ou des champignons. Ces droits n’avaient nul besoin d’être inscrits dans des lois puisqu’il s’agissait de biens communs (en anglais, commons). Mais au XIIIe siècle, en Angleterre, le roi Jean et les Barons lancent un mouvement d’enclosure des Communs et provoquent une révolte populaire. De cette bataille et de l’opposition des Barons au roi d’Angleterre sont nés en 1215 deux traités : la Magna Carta et la Charte des Forêts. Tandis que la première consacrait le droit constitutionnel et les droits politiques des citoyens (l’habeas corpus), la Charte des Forêts définissait les droits économiques et sociaux de ceux qui avaient tout perdu en étant expropriés des Communs. Mais la maigre protection qu’elle leur offrait en inscrivant dans le droit un libre usage des forêts n’a pas suffi : la mainmise des Barons sur les terres s’est traduite par la perte de ce qui permettait aux plus pauvres une vie communautaire et libre. Condamnés à l’exode, ils sont allés grossir les masses laborieuses des villes et ont fourni au capitalisme la main-d’oeuvre dont il avait besoin. La terre était devenue un capital qu’on pouvait faire fructifier, une propriété qu’on pouvait revendre, un héritage qu’on pouvait transmettre, en bref une marchandise. Et partout dans le monde, l’histoire des enclosures se répète : à la fin du XIXe siècle, les forêts qui avaient servi derrière New York de terrains de chasse et de pêche aux Indiens et aux premiers colons sont transformées en réserve naturelle protégée par des gardes forestiers. Les gens qui avaient trouvé le moyen d’y vivre en sont exclus au nom d’une propriété collective, mais d’État."

L'occasion de vous procurer le dernier numéro de la revue Vacarme.

L'occasion également de signaler votre intérêt et votre soutien à cette cause en passant par le site manifeste qui lui est dédié, et en lui donnant toute la publicité qu'il mérite.

Et dans le même ordre d'esprit, je vous recommande la lecture attentive du "Manifeste du domaine public" : http://publicdomainmanifesto.org/

Il va sans dire que l'émergence concomittante de ces différentes "causes" (dans lesquelles on pourrait ajouter les licences creative commons) n'est pas sans lien direct avec l'industrialisation massive des biens culturels et les effets de rente de quelques-uns le plus souvent exercés au détriment du plus grand nombre et de la diversité des modèles et de l'offre. 

Bref, à l'heure des recapitalisations massives de (certaines) industries culturelles ou de leurs bras armés, cet effort et cette prise de conscience du besoin d'une remutualisation massive est, à bien des égards, salutaire.

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