De l’élection, de la nomination, et de toutes ces sortes de choses

Ce type est décidément formidable. Il m'a fallu relire et revoir à plusieurs reprises le discours des voeux du président de la république au monde de l'éducation et de la recherche pour être bien sûr de n'avoir pas absorbé à l'insu de mon plein gré des substances hallucinogènes altérant mon niveau de compréhension.

Dans le dit discours, on peut lire (ou entendre) la chose suivante (p.5) :

  • "Comme l’ont récemment suggéré un certain nombre de responsables universitaires, je trouve par
    exemple qu’il n’est pas normal que tous les membres des conseils d'administration d’universités
    autonomes, y compris les personnalités extérieures, ne puissent participer à cet acte décisif qu'est l’élection du président d’université.
    "

Et oui. Sauf que, ce que le président oublie de préciser c'est que, dans le cadre de la loi LRU, c'est le même président qui nomme les personnalités extérieures … Alors effectivement, d'un strict point de vue démocratique, le fait que les gens que l'on a nommés ne puissent pas ensuite prendre part au vote qui permettra de réélire celui qui les a nommés (ou son plus proche collaborateur), ce fait là est, pour le président de la république, "anormal".

Il est vrai que les choses seraient tellement plus faciles ainsi : je te nomme, tu m'élis. Et une fois élu, je te renomme, pour que tu puisses me réélire. Singulière vision du fonctionnement démocratique mais qui éclaire parfaitement la logique de népotisme et de clientélisme qui est la marque de la présidence Sarkozyenne.

Alors je voulais simplement dédier ce billet à tous les gens "nommés" par Nicolas Sarkozy : Jean-luc Hees, Philippe Val (nommé au second degré puisqu'installé par le susmentionné premier nommé), et tous les autres, préfets de la république, réceptionnaires d'honneurs ou de distinctions en tous genres, messieurs les nommés, souvenez-vous bien qu'il serait parfaitement anormal que vous ne puissiez pas participer à la réélection de celui qui vous a nommés. C'est en tout cas ainsi qu'il semble le concevoir.

Quant au clientélisme que le LRU était censée abolir, l'expérience concrète et quotidienne dans de nombreuses universités atteste qu'elle n'a fait que le légitimer davantage en lui donnant les moyens de s'afficher de manière parfaitement décomplexée. Et ce n'est pas la participation des personnalités extérieures nommées à l'élection du président (de l'université) qui va permettre de corriger le tir. Bien au contraire.

En vérité je vous le dis, pour être capable d'affirmer sans broncher de telles énormités, pour être capable d'asséner les mêmes énormités devant un public de fins connaisseurs sans que personne ne bronche dans la salle, ce type là est vraiment formidable. Et rien que pour cela, il mérite que l'on jette aux oubliettes de l'histoire le système si archaïque de l'élection du président de la république au suffrage universel, pour en venir enfin à un système ô combien plus "normal", celui de la nomination du président de la république par un aréopage de personnalités qu'il aura lui-même nommées.

Un commentaire pour “De l’élection, de la nomination, et de toutes ces sortes de choses

  1. En effet, bien vu !
    Et je confirme bien comment la LRU n’a en rien amélioré la transparence des montages de comités/commissions,
    les distributions d’argent qui sont le fait du prince (et moi, naïf, qui mets le budget de mon équipe en lecture volontairement libre sur google docs :).
    sauf l’aéropage qui, revenu sur terre, s’appelle aréopage ?

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