Google Books : ce qu’il faut faire.

Bon bien sûr c'est un avis qui n'engage que moi, mais comme j'en suis à ma 6ème interview téléphonique en 6 jours sur le sujet … peut-être que l'inventaire à la prévert ci-dessous permettra d'y voir un peu plus clair … Voilà donc la les solutions (enfin les miennes) au "problème" Google Books.

  1. REPRENDRE L'INITIATIVE SUR LE PLAN JURIDIQUE. Et pour ce faire, à court-terme (3 mois) :
  2. S'armer de contrats types. Faire appel à des avocats. Plus précisément, que le Ministère de la
    culture missionne des avocats spécialistes du droit des NTIC, de la
    propriété intellectuelle et du droit patrimonial pour rédiger un
    contrat type pouvant être proposé a minima par n'importe quelle
    bibliothèque française souhaitant entrer en négociation avec Google.
  3. Produire un cahier des charges type mais adapté aux
    spécificités de chaque structure. Consulter les responsables de
    bibliothèques (une dizaine par grand type de structure : BU, BM, BDP
    …) et leur demander
    d'harmoniser leurs positions. Non pas en les réunissant dans un énième
    colloque, mais en leur demandant d'établir un cahier des charges-type
    pour leurs attentes
    et besoins en termes de numérisation du patrimoine culturel.
  4. Croiser les deux points précédents et vérifier que chaque point du cahier des charges est couvert par un article du contrat-type.
  5. REPRENDRE L'INITIATIVE SUR LE PLAN POLITIQUE Et pour ce faire, à moyen terme :
  6. Remettre à plat le régime du droit d'auteur et la
    convention de Berne
    avec pour objectif principal de ramener à une
    période "raisonnable" la durée dudit droit.
  7. Créer d'urgence une loi permettant d'instaurer par défaut une procédure d'opt-out sur l'ensemble des oeuvres de la zone grise (ou oeuvres orphelines). Cela
    permettra (notamment) d'amorcer la pompe (dans une perspective
    vaguement keynesienne) et surtout, d'éviter les situations ubuesques
    déjà constatables de telle oeuvre orpheline non disponible sur
    Books.google.fr mais par contre avec de larges extraits consultables
    sur Books.google.com …
  8. EXPERIMENTER. EXPERIMENTER. EXPERIMENTER. Que le Ministère de la culture passe un coup de fil à Sony et aux autres marchands de liseuses, qu'il négocie une commande groupée d'au moins 2000 de ces appareils (le prix unitaire est d'environ 250 euros … cela ne devrait pas gréver outre mesure le budget dudit ministère …) et qu'il les mette à disposition de chaque bibliothèque qui en fera la demande en échange d'un retour d'expérience à 6 mois et/ou à un an. Et que le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche fasse de même à destination des BU, voire même (soyons fous …) des enseignants qui pourraient être les premiers prescripteurs de ces nouveaux dispositifs de lecture. Que les ministères négocient avec les éditeurs la possibilité pour lesdites
    structures de charger
    ces tablettes avec des oeuvres encore sous droits mais non sous DRM.  Pourquoi ? Pour disséminer. Pour éparpiller façon puzzle. Pour faire sauter le verrou. Parce que tant que la problématique du livre numérique et de ses usages restera l'apanage de quelques cénacles (parisiens) à l'inutilité de plus en plus patente, tant qu'elle restera l'apanage de quelques bobos happy-few à tendance geek, on ne prendra pas la réelle mesure des changements et des attentes possibles en termes d'usages. L'expérimentation est la seule clé qui permettra d'ouvrir en grand la porte des usages. A condition que l'expérimentation soit multiple ; à condition qu'elle soit plurielle ; à condition qu'elle se déploie de manière parfaitement anarchique sur l'ensemble du territoire couvert par les rayon d'action des bibliothèques. Et pour ce faire :
  9. Arrêter de penser "national" (ou jacobin si l'on préfère). Non il n'y a pas que la BnF en France. Non il n'y a pas qu'à Paris que l'on est capable de monter des protocoles d'expérimentation pertinents. Non. "Une" expérimentation nationale telle que celle menée par la BnF (avec les ouvrages sous droits) ne permettra de tirer AUCUNE conclusion généralisable aux besoins REELS des publics.
  10. REMETTRE LES EDITEURS A LEUR PLACE ET POUR CE FAIRE
  11. Renverser la pression. Sortir de la dynamique actuelle dans laquelle un petit groupe d'éditeurs phagocyte l'enveloppe corporelle des ministres de la culture successifs (ou des chanceliers allemands) pour s'exprimer en leur nom. Pour renverser la pression, une seule chose à faire : imposer auxdits éditeurs l'application des 10 commandements de l'éditeur d'Ebooks. Et s'ils refusent ?
  12. Dénoncer publiquement l'escroquerie commerciale autant qu'intellectuelle pratiquée par certains diffuseurs (je leur retire le titre d'éditeurs) qui fait qu'aujourd'hui, des bibliothèques achètent (au même prix ou plus cher) des fichiers numériques exemplarisés. Traduisez : là où on pensait que l'achat du dernier Alexandre Jardin en version numérique allait permettre de répondre à la demande (insatisfaite au regard du nombre d'exemplaires papiers disponibles dans la bibliothèque), on vous répond : "ah ben non, vous avez acheté le fichier pdf mais vous n'en avez acheté qu'un exemplaire. Vous ne pouvez pas – par exemple – le prêter à plusieurs lecteurs à la fois. Ou alors c'est plus cher."
  13. ENGAGER LA BATAILLE DE LA FORMATION. Arrêter l'hypocrisie. Si on veut que les bibliothèques prennent le virage du numérique,  si on ne veut pas qu'elles se transforment en centres d'impression rapides façon fast-food, elles ont besoin de recruter non pas des contractuels mais des permanents. Elles ont besoin de recruter des personnes pour lesquelles le catalogage et la bibliothéconomie canonique ne constitueront pas un alpha et un oméga indépassables. Traduisez en novlangue : "modifier la structure managériale des bibliothèques autant que le type de management qui y est en vigueur". Former. Former. Former. Utiliser les structures relais existantes (Urfists, Cléo …) et les multiplier.

Et puis aussi tant qu'on y est :

  1. Arrêter de créer des commissions en leur donnant des lettres de
    cadrage bidon, ou alors en omettant carrément de leur donner une lettre
    de cadrage (si si ils ont vraiment fait ça …)
  2. Arrêter de nommer des éditeurs à la tête desdites commissions (ou à tout le moins essayer d'y nommer des gens qui feront un peu semblant d'être concernés par les problèmes qu'ils ont à traiter, sans avoir besoin pour cela de lire la lettre de cadrage du ministère …)
  3. Arrêter de réfléchir, de colloquer, de soliloquer, de journéed'étudier … Nous avons en main tous les éléments. Essayons de les appliquer.
  4. Arrêter de penser qu'on a le temps, que la modification des comportements culturels bat au même rythme que la production de rapports ministériels sur les habitudes culturelles. Personne (pas même Google d'ailleurs) ne maîtrise quel sera le déclic qui fera que le secteur du livre se retrouvera dans le même état que celui de la musique. Mais l'on sait bien (et Google également) que ce déclic peut intervenir n'importe quand, là où on l'attendra peut-être le moins. Et l'on sait également que ce déclic aura nécessairement lieu. Alors cessons d'être hypocrites ou de convoquer d'illustres penseurs (médiatiques ou non) pour leur demander de rassurer la populace sur le devenir du livre papier. On se contrefiche du devenir du livre papier précisément parce son devenir est assuré.
  5. Inventer les métiers de la prescription. On a besoin de gens qui savent vendre des livres. On a besoin de gens qui savent organiser les livres. On a aujourd'hui besoin de gens qui savent parler et faire parler des livres et des contenus culturels. Ce pourraient être les bibliothécaires et les libraires. Mais l'écart entre les pratiques et les attentes est tel, la formation est si dramatiquement en décalage, l'inertie du système et des mentalités si forte et l'incurie des pouvoirs publics si avérée, qu'il faut peut-être contourner l'ensemble et travailler à la périphérie. Former des prescripteurs qui ne seront que cela. Des "animateurs de communautés". Des "responsables de médiation culturelle", des "spécialistes de l'ingénierie du conseil", ce ne sont pas les intitulés ronflants qui manquent. Seulement les compétences. Dramatiquement.

19 commentaires pour “Google Books : ce qu’il faut faire.

  1. Olivier, soit vous êtes dingue, soit vous êtes… dingue. J’adore. Je suis fan. Je regrette de ne pas être un de vos élèves pour avoir l’occasion de vous voir en action dans l’espace…
    J’ai quand même une question. Vous donnez 6 interviews (c’est ce que vous dites). Et moi je lis, rien qu’aujourd’hui 4 papiers (Challenges, Les Echos, Figaro, Nouvel Obs) et pas un ne reprend aucun des vers que vous nous livrez en bouquets… Un problème d’acoustique ? De compréhension ? De courage ?
    En tous cas, merci pour la douche. C’est décapant et profitable.

  2. Bravo, en phase avec vous notamment sur le point 5 : les libraires sont des prescripteurs, des facilitateurs, des dénicheurs de talents, des exhausteurs de trésor qui dorment dans les graniers.
    Formeret dénoncer ça me va bien aussi.
    S’occuper de nos auteurs, je l’ai dit depuis des semaines, comme vois, dans les mêmes ternes : remettre à plat les droits d’auteurs ET revoir la convention, j’en ai parlé maintes et maintes fois dans ces mêmes terme ssur mon blog.
    Je le hurle et le vocifère depuis trop longtemps. Heureux d’être en phase avec vous, LA référence, LA mémoire de tout ce qui se passe ici depuis la loi Hadopi, scandaleuse outrecuidance d’élus ignares qui bafouent les règles : on ne vote pas quand on ne sait pas, on a le courage de voter contre non pas idéologie mais pour défendre des idées, les auteurs.
    Espère aller plus loin et à vos côté pour parachever l’essentiel de notre culture, de nos traditions, de nos âmes.
    Google a gagné parce que Google a une vision, nos éditeurs sont borgnes, aveugles, cupides ; ils exploitent honteusement les auteurs depuis des siècles.
    Faisons taire à jamais tout ça !

  3. Olivier,
    Pourquoi as-tu fait le portrait d’Isabelle Aveline et de son ex-site Zazieweb dans ton appel à candidature pour de nouveaux intermédiaires de prescriptions.
    Que les structures en place, la BPI en tête aient laissé tomber … depuis 10 ans, ce fabuleux travail en dit long sur le caractère utopique de tes points à l’ordre du jour.
    Mais ils sont bon, ils sont bons, on y tient.

  4. @Pierre-alexandre : côté médias, l’émission Médialogues de la Radio suisse Romande devrait être disponible sous peu, l’interview donnée à Télérama devrait être utilisée dans un de leurs dossiers “5 Pages” de mi ou fin Novembre, il y eut aussi Slate, une radio belge dont j’oublie le nom et deux journalistes de PQR (presse quotidienne régionale). Mais vous avez raison : je n’ai pas été contacté par les club des 4 que vous citez 😉
    @Hervé : c’est heureusement une utopie relativement pragmatique 😉 On va s’y tenir … on va y tenir …

  5. Merci pour cette belle énergie, comme toujours. J’aurais un complément tout de même…
    Du point 1 à 4 tu ne parles que des bibliothèques et donc des contrats qui lient bibliothèques et Google, or ce n’est pas le seul problème, il y a celui du GBS, qui lui s’adresse surtout aux éditeurs et dont ceux-ci peuvent difficilement s’exclure : http://lafeuille.homo-numericus.net/2009/09/ucleo-virginie-clayssen-les-modeles-economiques-de-ledition-numerique.html
    Le cahier des charges me semble en fait le point nodal pour construire une vision. Comment veux-t-on que les contenus soient accessibles demain (dans Google et hors de Google) ? Mais attention, beaucoup aussi savent construire des cahiers des charges qui ne sont pas fonctionnels ou décalé par rapport aux demandes. 😉 Il faut donc également d’abord comprendre les demandes de Google (Amazon et consoeurs) et voir comment on veut/peut y répondre ou pas et surtout savoir sur quels points on veut les faire fléchir. Et pour l’instant, force est de constater, qu’il n’y a pas de propositions fortes et concrètes pour leur demander d’infléchir certains points.

  6. Merci pour ce billet : je crois qu’il arrive un moment où il faut dire les choses avec plus de force, tant les gens peuvent passer à côté d’enjeux essentiels sans même s’en rendre compte.
    En ce qui concerne les readers, je tenais à signaler une expérience à l’université Paris Descartes.
    C’est une collaboration entre le master MIAGE (logistique), le SCD (diffusion) et des sociologues (enquêtes), soutenue par la direction des TICE du ministère.
    Nous communiquerons bien sûr sur cette opération dont nous attendons beaucoup, à la fois pour former les étudiants à ces nouveaux types de lectures (et les étudier) et pour tenter d’aller plus loin en ce qui concerne les contenus (extrêmement pauvres à ce jour).

  7. Cher maitre de conférence qui demande à des intervenants de venir parler gratuitement devant vos étudiants
    Après Amazon, c’est Google qui entre dans la bergerie. Et le bibliothécaire devrait se frotter les mains ?
    Vous avez raison sur votre diagnostique mais vous vous trompez sur la stratégie car vous demandez à un autre qui est comme les premiers de faire votre travail !
    C’est bien dommage.

  8. Cher Bernard Strainchamps,
    Le “tacle” du premier paragraphe de votre commentaire est tout à fait indigne et assez malvenu. Je vous avais à l’époque (c’était il y a longtemps … vous êtes bien rancunier … et de plus sans raison aucune), je vous avais, disais-je, contacté pour intervenir sur une journée d’étude montée sans aucun budget ni soutien de la part de mon université de rattachement. Je n’étais donc pas dans la possibilité de payer les intervenants, seul un défraiement était envisageable. Le contrat était donc clair. Et je regrette tout autant que vous n’ayez pas pu venir que de n’avoir pas pu obtenir un financement permettant de payer les intervenants de cette journée d’étude. Ne vous en déplaise, l’université est avare de ses moyens et le sera chaque jour davantage et il devient de plus en plus kafkaiens de monter des événements. C’est une logique que je combats chaque jour dans la mesure de mes faibles moyens. Mais me faire passer pour une sorte d’exploiteur d’intervenants potentiels est définitivement erroné.
    Sur le fond de votre message (nettement plus intéressant), merci de partager mon diagnostic mais je ne conmprends pas bien en quoi le fait de demander à l’état et aux bibliothèques (et aux instances représentatives de la librairie) de préparer un document de travail contractuel et de mettre à disposition des fonds pour expérimenter les liseuses et demander aux éditeurs d’assouplir leurs règles dans le cadre desdites expérimentations, non vraiment je ne voie pas en quoi tout cela vous autorise à dire que je demande à qelqu’un d’autre de faire “mon” travail.

  9. Excellent, billet et d’ailleurs je vais en remettre une couche sur cette question du “cahier des charges type” dès la semaine prochaine. D’accord sur tous les points sauf 1, celui là : “Que le Ministère de la culture passe un coup de fil à Sony et aux autres marchands de liseuses, qu’il négocie une commande groupée d’au moins 2000 de ces appareils (le prix unitaire est d’environ 250 euros … cela ne devrait pas gréver outre mesure le budget dudit ministère …) et qu’il les mette à disposition de chaque bibliothèque qui en fera la demande en échange d’un retour d’expérience à 6 mois et/ou à un an.”
    Les expérimentations sont localisées, c’est le propre de ce genre d’expérience d’avoir valeur de test pour l’ensemble… et d’après les premiers retours d’expériences (Angers notamment) il semble que les supports de lecture actuels soient au mieux un objet de curiosité de la part des étudiants, mais n’entrent que très peu dans leurs usages quotidiens. Alors généraliser ça EN CE MOMENT ça n’est pas une bonne idée, à moins de vouloir faire financer sur fonds publics une étude marketing pour Sony. Ou alors, si on veut il faudrait négocier ça comme ça, à grande échelle, assumé. Pas besoin alors d’acheter les supports… ils seraient distribués gratos par Sony en échange d’un retour d’expérience.
    De manière plus globale, lorsqu’on voit la lourdeur de ce type d’opération, et le rythme auquel les supports changent, à un moment où la question est moins celle du support que celle des contenus et de l’écosytème qui va autour, je me demande si c’est bien la priorité, si proposer des tablettes dans les bibliothèques est bien une bonne idée, alors que l’objet est d’abord conçu pour un usage privé… très dubitatif sur ce point.
    A mon avis, il est beaucoup plus urgent de militer auprès des éditeurs pour appliquer les 10 commandements de Couperin…. et merci au passage de dénoncer l'”escroquerie intellectuelle et commerciale” du prêt de fichiers numériques chronodégradables. je trouve encore hallucinant que ça n’aille pas soi.
    Autre point : tu continues à parler de prescription. J’ai l’habitude en formation d’essayer de faire comprendre que seuls les médecins peuvent prescrire : on prescrit un médicament à un MALDADE sur ordonnance ! Je sais que nous sommes d’accord sur le fond, alors pourquoi ne pas plutôt parler de recommandations, de suggestions, de conseils et non de prescription ?

  10. Merci pour ce plan de bataille. Le ministère n’aura aucune excuse (mais a-t-il de toute façon l’habitude de s’excuser ?).
    Je retiendrai particulièrement, étant contractuel depuis 7 ans dans des bibliothèques d’enseignement supérieur, le passage sur les permanents à recruter (= le paragraphe militant).
    Par ailleurs, oui, le choc de google et du numérique pour les Bib (BM, BU,…) c’est aussi (et avant tout peut-être) le choc managérial. Il y a déjà des gens pour qui la bibliothéconomie canonique n’est pas l’alpha et l’oméga dans les bib. françaises; mais pas assez sans doute, et ils ont du mal à se faire entendre (euphémisme).

  11. REMETTRE LES EDITEURS A LEUR PLACE ET POUR CE FAIRE…
    C’est ce type d’intitulé qui m’a énervé d’autant plus énervé que tant que Google ne respecte pas la législation en vigueur, je trouve qu’il est mal venu de négocier avec ce géant “visionnaire” !
    Si gagner le combat contre les éditeurs et les ayants droit qui ne cessent d’augmenter la durée de vie du droit d’auteur passe par la création d’un nouveau monopole, je ne participe pas.
    Et comme, il y a une religion du web 2.0 qui dit que la pub paiera tout (bref que ceux qui produisent du contenu le feront gratuitement), j’ai rappelé que vous m’avez invité à m’exprimer gratuitement devant vos étudiants.

  12. Tiens, encore un billet qui fâche. 🙂
    Plein d’idées cependant…
    Où l’on préconise beaucoup aux autres de bouger.
    Ministère, éditeurs, avocats missionnés…
    Dès lors même qu’il est possible, en tant que sujet d’étude, d’en jeter les bases (projet étudiant, projet de bibliothécaires ?)… et en discuter.
    “Remettre à plat le régime du droit d’auteur, pour le ramener à une période raisonnable.”
    Sauf que, encore et toujours, on prend le sujet par le mauvais bout de la lorgnette, et on cherche de nouveau à spolier les auteurs. (mais je vais y revenir dans les éditeurs)
    Les oeuvres orphelines, intéressant sujet… à part que ces oeuvres ne sont pas orphelines de fait. Elles sont propriétés de la nation qui les a préservées, jusqu’à trouver leur auteur.
    Google s’approprie ce travail, sans contrepartie pour le travail effectué.
    “Expérimenter avec Sony.”
    Au mépris des règles des marchés publics ?
    Pourquoi Sony et pas Amazon, ou d’autres.
    On a déjà Microsoft dans les écoles, gratuitement ?… (J’adore le mot gratuit, qui annonce de la publicité. Publicité toujours payée par… tout le monde !)
    1 million d’euros pour permettre à 2 000 personnes d’accéder à quoi ?
    Créer un site avec du contenu d’auteur coûterait moins cher
    “Remettre les éditeurs à leur place.”
    Mais les éditeurs ne sont que des façades temporaires pour les oeuvres, rien de plus.
    Les contrats (actuels) ne durent pas plus de dix ans, et encore. C’est-à-dire qu’au bout de dix ans, l’éditeur n’a plus rien à voir avec l’oeuvre. Plus rien !
    Et qu’il faut alors se mettre en relation avec l’auteur.
    Eh oui, l’AUTEUR !!!
    Celui qu’on veut spolier, qu’on méprise.
    Trop petit, trop inintéressant, trop nombreux.
    Juste à la base du système.
    Et vous pleurez après “un” PDF, lorsque l’auteur contre une rémunération de 20 à 30 euros, pourrait vous permettre d’en proposer entre 15 et 30, parce que c’est bien la ridicule somme qu’il va toucher, lui !!! 20 à 30 euros.
    L’AUTEUR !!!
    L’auteur, pour éviter l’orphelinat.
    L’auteur qui souhaiterait sortir de l’anonymat.
    L’auteur qui pourrait bénéficier d’une relance en bibliothèque.
    Mais non, pour le bibliothécaire, seul l’éditeur compte.
    Or, demain, ce ne sont plus les éditeurs qui produiront de la ressource. Demain, nous serons tous producteurs. Aujourd’hui, nous le sommes déjà producteurs, tous auteurs.
    L’éditeur sélectionne (et il faut voir comment), pour garantir (chez les bons éditeurs) une certaine qualité.
    Cependant, des oeuvres de qualité existent, elles circulent déjà sur Internet.
    Or, où sont-elle représentées en bibliothèque ?
    (Où a-t-on seulement une bibliothèque, que dis-je, juste un site, où les bibliothécaires pourraient partager leurs productions, leurs oeuvres !)
    Ah non, c’est vrai, une oeuvre n’existe que dans les mains et par la sacro-sainte validation d’un éditeur !
    Là aussi, la formation me paraît nécessaire, parce que l’approche change, et les producteurs se diversifient.
    “On a besoin de gens qui savent vendre des livres, de les organiser.”
    Oui, bof.
    Les digital natives s’en passent allègrement du livre.
    La génération de demain.
    Même nous, déjà.
    Je lis plus de blog (ces livres in-finis) et de textes en ligne que de ce sacro-saint livre papier.
    L’endroit où je vous rejoins, c’est bien dans “des contenus culturels” (dont le livre, mais pas uniquement le livre) et dans “des animateurs de communautés” (dont la communauté livre, mais pas uniq… 🙂 )
    Animateur de communautés ?
    Pour les animer, il faudrait déjà qu’elles se développent ces communautés.
    Cela ne viendra pas du ministère.
    Cela ne viendra pas des avocats.
    Cela ne viendra pas des éditeurs.
    Cela ne viendra pas des formateurs.
    Cela viendra de Nous !
    Bibliobsession parle de “recommandations, de suggestions, de conseils et non de prescription ?”
    Et si nous parlions un peu d’action, de communauté.
    Au lieu d’attendre l’aval, la bénédiction des autorités “supérieures”, qui nous laissent dans l’attentisme.
    “Nous avons en main tous les éléments. Essayons de les appliquer.”
    Nous. 🙂
    Bien cordialement
    Bernard Majour

  13. Bonjour! Et bien bravo et merci :). On pose des questions, propose des solutions, discute, sur des questions essentielles et graves.
    Meme si je n’ai pas plus peur aujourd’hui qu’hier, je suis si si petite et demunie (pas completement…je mange et n’ai pas froid et je vais vers le “gratuit”), je veux dire un grand Merci pour ce billet.

  14. 300.000 euros pour 2000 lecteurs Sony en ce moment sur le site de la Fnac, un budget bien placé pour mener une expérimentation d’envergure! Allez un effort!

  15. Google books, biens communs et Affordance

    Il y a bien quelques mois que je nétais allé sur le blogue dAffordance, cette mine opiniâtre dinformations sur les droits dauteur et les (nombreuses) initiatives de Google visant à indexer le monde…

  16. 300 000 euros pour acheter des readers sony !!!! et ca dénonce les monopoles ??? c’est plutôt le développement d’un reader totally free qu’il faudrait sponsoriser ! encore des grosses multinationales qui vont se régaler de marché publics juteux et sans lendemain !!! Merci pour eux ! Certains imaginent des produits rien que pour pomper ces marchés là !!!
    Prêter des Readers ??? pourquoi faire ?? prêter des Iphones des Wii ou des baladeur Mp3 aussi non ???
    On a prété des magnétoscopes et des lecteurs DVD quand les usages ont changé ??? pas beaucoup.
    La solution est dans le contenu sa valeur ajoutée et surtout son accessibilité !!!! Mais aussi dans la pertinence de l’offre par rapport aux attentes des citoyens.
    C’est pourquoi gallica est bancal ! base riche mais qui n’interresse pas le grand public ou peu !
    tant que les bibliothécaires croiront qu’ils vont “prêter” des fichiers ils vont se tromper… un fichier se copie se duplique c’est technique et inévitable, un fichier est immatériel et donc impossible à rattacher à un lieu, qui peut croire qu’on dira un jour “je vais à la bib me faire prêter un reader et un ebook” ??? c’est incongru !
    à mon avis la piste n’était pas là mais dans la création d’une réelle bib numérique libre de droit qui présenterait une réelle valeur ajoutée pour le citoyen. c’est sur le paradigme du contrôle de l’usage du fichier que s’est bâti le DRM et la pseudo offre “légale” de musique. On voit où ca à mené et à quel gaspillage (entre autre de l’argent public) on a pu assister : cf kersonic ou encore crystalzik ou je ne sais quoi ! Quand on produit une œuvre de l’esprit comment prétendre contrôler son usage ???? c’est un bien immatériel par essence et seule une CONTRAINTE TECHIQUE nous a fait poser le texte sur du papier !!!! Cette CONTRAINTE a disparu aujourd’hui et le “process” de production peut donc s’en émanciper.
    Je pense qu’il y a des idées dans votre articles mais qu’on se positionne toujours trop du coté “institutionnel” du “faire pour faire”.
    vous le dites bien nous n’avons plus les moyens de nos ambitions et nous sommes dépassés par quelques multinationales qui ont flairé des marchés juteux (amazon, apple, google, sony …). Pour eux c’est une stratégie commerciale pour nous un enjeux culturel citoyen … On ne se bat pas sur le même terrain, ni avec les mêmes armes malheureusement.
    Et puis vous dites tout en point 5 : on se heurte à des difficultés structurelles qui ne nous permettent pas de lutter avec des entreprises ayant un modèle de recrutement de développement et de management adaptés à notre époque et aux problématiques !
    J’arrête de m’étaler et je rejoins Bernard Majour il faudrait plutôt faire un lobbyisme qui nous donnerait le droit en tant que représentant de l intérêt général de numériser les œuvres à frais moindre (l’état peux imposer çà) au non de notre mission réelle de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine (numérique en l’occurrence). Nous pourrions valoriser enfin nos compétences et les contenus dont parle B MAjour, qui sont immatériels mais méritent d’être connus.
    Comme votre blog et tant d’autres d’ailleurs 😉

  17. Cher Olivier,
    J’approuve dans les grandes lignes ce que vous dites.
    Je pense que les faiblesses que vous dénoncez ont des sources profondes, culturelles.
    Pendant longtemps, les intellectuels de lettres et sciences humaines, du moins ceux qui ont accès aux médias, ont totalement méprisé le phénomène Internet (comme la génération précédente avait méprisé la télévision).
    Ce mépris et cette incapacité de réfléchir au delà du clavier est ce qui motive les déclarations, que l’on entend encore ici ou là, que l’informatique est juste une technique et qu’il n’y a pas grand chose à en comprendre. Ce n’est ainsi que très récemment que l’on a introduit un cours d’informatique au Collège de France.
    Ce faisant, alors que c’est normalement le rôle des intellectuels que de tempérer par la réflexion les passions du moment et notamment le sensationnalisme de la presse, ils ont laissé le champ libre à un discours journalistique parlant d’Internet uniquement pour en mettre en exergue les côtés excessifs, bizarres ou dangereux.
    Les politiques publiques menées se sont caractérisées par la fermeture, l’attentisme, et la faiblesse des moyens.
    Ensuite, tardivement, constatant 10 ans après les faits que le monde avait évolué, ils se sont réveillés et ont alors publié des dénonciations contre Google.
    Enfin, de la même façon que notre pays est passé en quelques années d’une télévision 100% publique à une télévision dominée par les chaînes privées, nous passons d’une attitude super propriétaire sur les données publiques au bradage pour les grands groupes capables de financer la numérisation.
    Bref, au début, on méprise, et quand on se réveille, c’est trop tard.

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