Atlas of Cyberspace.

Aujourd’hui la "cartographie" du web est devenue courante. Et ce n’est pas un hasard. Occupants maladroits ou simples visiteurs, cybersquatteurs en quête perpétuelle d’ameublement, nous "habitons" désormais littéralement le cyberespace. Nous ne pouvons donc tout simplement plus nous permettre de ne pas en avoir de carte. On ne compte plus les projets de recherche pionniers, les blogs de référence, les moteurs cartographiques, les outils aussi riches que variés. Cartographie de tout (ou à peu près) et partout. Derrière tout cela (et ceux-là), il existe un ouvrage de référence. Une bible. LE livre de chevet de tous les cyber-géo-cartographes professionnels et amateurs. C’est l’Atlas of Cyberspace de Rob Kitchin et Martin Dodge, paru en 2001, alors que Google avait 3 ans, que Rome remplaçait Sparte, que Déjà Napoléon pointait sous Bonaparte. Si la cybergéographie est aujourd’hui reconnue comme un authentique champ de recherche (à l’étranger tout au moins …), c’est essentiellement à cet ouvrage qu’elle le doit. Et si je vous en parle aujourd’hui c’est parce que l’ouvrage en question est désormais intégralement disponible en ligne sous licence Creative Commons.  A lire donc ou à relire … La version Haute définition de l’ouvrage est un petit bijou pour les illustrations :-))
Ce que cet ouvrage à de pionnier, s’il fallait le résumer, c’est qu’il fut le premier (?) à s’intéresser à la géographie des flux de données en tant que telle, comme on s’était auparavant intéressé à la géographie des flux humains ou financiers. Cette Cybergeographyflow là est aujourd’hui naturellement essentielle. Elle l’est d’autant plus qu’elle éclaire sous un angle impensable à l’époque, ces géographies "parentes" des flux humains et financiers. Demain peut-être elle les supplantera définitivement (cf le très à la mode et très disruptif "cloud computing"). Il faut également avoir cela en tête pour relire avec gourmandise l’Atlas du Cyberspace.
En cadeau bonus, cette photographie d’un Internet qui paraît avoir 1000 ans et qui ne date pourtant que de … 14 années.
Cybergeo

Et oui … Qui se souvient des Monster List de l’espace FTP, qui se souvient que la liste arborescente du CERN était à l’époque l’une des seules entrées "grand public" de l’internet ? S’il y en a qui ont le temps, il y aurait un joli travail de graphisme et de réflexion à faire pour redessiner cette carte en l’adaptant à l’Internet actuel …
Autre aspect visionnaire de l’ouvrage, un chapitre entier (le n°4) est consacré à la "cartographie des conversations et des communautés". Je vous rappelle que nous sommes en 2001 et que (même aux Etats-Unis) personne ne sait encore ce que c’est qu’un blog …
Un ouvrage majeur qui se termine pas ces mots : "And remember : there is no true map of cyberspace."

Et si vous êtes tentés d’approfondir la question, la bibliographie d’Eric Guichard sur le sujet est une autre ressource incontournable (même si elle date un peu). Et puis un dernier lien opur la route, signalé par InternetActu : le manifeste pour la géographie numérique, et une synthèse sur le développement de la cartographie collaborative en ligne.

(Sources : The End of Cyberspace // Temps de rédaction de ce billet : 2 heures)

6 commentaires pour “Atlas of Cyberspace.

  1. @Olivier Ertzscheid : C’est nouveau ‘le temps de rédaction de ce billet’ ? Pour rappeler la formule (W = T x E) et montrer qu’écrire un billet de qualité prends du temps et (au moins un peu) d’énergie ?… ou le commencement d’une campagne de seeding de la facebook-university de la Roche/Yon, un jeu-concours qui dirait “moi, je mets 2h les 3130 caractères (exemple du dernier billet), espace compris,sur la cybergéo, qui fait mieux…?”
    Mais j’aime bien, c’est pédagogique !

  2. Nperpétuité> C’est juste une petite astreinte (choisie) pour tenter de “mesurer” le temps que me prends effectivement ce blog. Et accessoirement pour avoir de quoi répondre aux esprits chagrins qui pensent que le blog “est une occupation gentillette, mais certainement pas un travail de fond”.
    J’avias pas encore pensé au jeu concours mais je vais y réfléchir 😉

  3. Merci pour cette info qui réjouira tous les habitués du site CyberGeography.org (version française : http://www.nicolas-guillard.com/cybergeography-fr/atlas/atlas.html ).
    Outre que la cybergéographie voit son intérêt rehaussé par le “devenir-carte du Web” (http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2005/09/la_carte_est_la.html ), j’y vois quant à moi une mine de “ressources imageantes”, propres à nourrir un imaginaire du Web.
    A part l’autoroute (de l’information), l’océan (où l’on surfe), et, plus récemment, le nuage (où l’on tag), il y a encore peu d’images de l’Internet. Or, l’appropriation réussie d’un environnement social, technique et cognitif dépend aussi de la possibilité de se le représenter et de mettre en perspective ses représentations dans le temps long des images.
    Dans cet esprit – et si je peux me permettre de faire un peu de pub sur ce blog -, je signale un travail de montage numérique, où je réutilise certaines des cartes du CyberAtlas. Il est visible ici : http://www.merzeau.net/photo/gal/montages/cahiers/cahiers1.html , ainsi qu’à la galerie de l’Entrepôt à Paris (http://www.lentrepot.fr/httpdocs/exposition02.asp ) pendant tout le mois de novembre, dans la sélection du Mois de la Photo.

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