La revue de la revue par les pairs.

L’activité de revue par les pairs (peer-reviewed) est une composante essentielle de l’avancée de la science. Le plus souvent, les chercheurs membres de comités de lecture, sont "cooptés" par leurs pairs, au mieux selon leur compétence dans le champ de la revue, et en général par affinité avec les comités scientifiques déjà en place ou sur leur "notoriété" et/ou leur position institutionnelle (il est toujours bon d’avoir des gens "bien introduits" dans son comité de lecture pour mieux pouvoir défendre une revue ou pour contribuer à sa renommée). Un procédé donc souvent assez opaque, avec de notables variations d’opacité selon les champs disciplinaires. Cette pratique de "revue par les pairs" est en outre assez souvent contestée du fait de la qualité – ou plus exactement du manque de qualité – intrinsèque du processus de relecture. On ne pourra donc que saluer l’initiative de ce professeur en psychologie qui publie un article intitulé : "12 régles pour les relecteurs".

  1. Connaissez votre tâche
  2. Anticipez (n’attendez pas la dernière minute)
  3. Lisez attentivement (bé oui, ça paraît être une lapalissade, mais à regarder de plus près certains retours sur certains articles soumis, on se demande parfois si ladite relecture ne s’est pas faîte sous prozac)
  4. Dites des choses positives dans vos remarques
  5. Ne vous montrez pas hostile ou trop cassant (dans un autre genre, je vous ai déjà raconté que l’un des 2 rapporteurs – c’était d’ailleurs une rapporteuse – chargé d’évaluer mon dossier de qualification aux fonctions de maître de conférences – c’est à dire ma thèse + quelques maigres articles -, avait écrit sur son rapport : "je ne suis pas allé au delà de la quatrième page de cette thèse tant le jargon employé est incompréhensible", un "jargon incompréhensible" par ailleurs évalué par un jury de 6 personnes et auquel les 6 personnes avaient cru bon d’attribuer une mention très honorable à l’unanimité … Pas le temps dans ce billet, mais un jour je vous ferai une petite anthologie de ce que l’on entend par "cassant" dans ce petit monde de l’université 😉
  6. Soyez bref et allez à l’essentiel
  7. Ne chipotez pas ("don’t niptick") : ce n’est pas votre boulot de surligner toutes les fautes de frappe ou d’orthographe, les secrétaires de rédaction sont là pour ça (enfin quand il y en a, ce qui n’est pas systématiquement le cas …). Concentrez vous sur les arguments scientifiques.
  8. Construisez l’argumentaire de votre relecture (en gros et par exemple, un premier point reprenant l’argument de l’article, un second où vous listez les problèmes, et un troisième où vous résume votre appréciation pour le responsable éditorial de la revue)
  9. ne demandez pas systématiquement d’autres expérimentations : l’idée est qu’il peut toujours y avoir d’autres expérimentations. Il s’agit simplement de savoir si celles mises en place suffisent à démontrer le point principal de l’article.
  10. Attention à l’égocentrisme : on touche ici au point le plus délicat : les relecteurs ont beau le plus souvent être anomymes, le comité de relecture est lui en général affiché. On a donc tendance (comme auteur) à forcer un peu les références bibliographiques pour y faire entrer quelques noms dudit comité, sachant que les relecteurs sont généralement relativement égocentriques et aiment à voir qu’un article cite leurs propres travaux.
  11. Soyez cohérent et ne placez pas l’éditeur en situation délicate (par exemple en lui indiquant dans votre review : "j’ai essayé d’être sympa avec les auteurs mais franchement ce papier est un ramassis d’âneries")
  12. Signez vos relectures : même si la relecture est anomymisée par l’éditeur, en double aveugle ou en triple borgne, faîtes comme si l’auteur du papier avait envie (c’est systématiquement le cas) de savoir qui a relu son article, et qu’il puisse donc le savoir.

12 points qui ne constituent donc pas une révolution mais à prendre comme une série de "bonnes pratiques" d’autant plus précieuses que, comme le remarque en conclusion l’auteur de l’article, l’activité de relecture n’est pas enseignée à l’université alors qu’elle constitue pourtant le coeur du progrès de la science.
(Via Academic Productivity)

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