To blog or not to blog

Singulière blogosphère dans laquelle naissent de si soudains effets d’écho. Ce dont tout le monde (ou presque) parle aujourd’hui c’est du rôle des blogs au sein du système éducatif en général et du système universitaire en particulier. Tout commence par une bien triste histoire (de plus) : celle de ce proviseur, "viré pour avoir bloggué". Et Evelyne Broudoux, grande prêtresse de l’autoritativité, de livrer un éclairant point de vue en tant "qu’invitée du mois" sur le blog du réseau Urfist. La très sérieuse AMUE s’attarde à son tour sur ce phénomène et nous livre quelques retours d’usage d’émérites et pionniers bloggueurs. Manuel Canevet regrette le manque d’engouement (doux euphémismes) des enseignants du supérieur pour ces plate-formes éditoriales, à l’inverse de leurs collègues du secondaire (peut être plus "près" des pratiques de leurs ouailles, ou plus sensibilisés, ne serait-ce que par le "phénomène" des Skyblogs). Ce à quoi Pierre Mounier (chez Hubert Guillaud) réplique à son tour en signalant à juste titre quelques belles intiatives. Personnellement (mais je ne suis pas le seul), les lecteurs de ce blog savent déjà ce que je pense de tout cela en général et de l’activité "blog" inscrite dans le cadre d’une pratique professionnelle d’enseignant chercheur (on dit aussi "Maître de Conférences 😉 en particulier. Avec en complément deux réflexions (simples) :

  • primo, le blog ça a beau être tout beau, tout simple, tout facile et tout pratique, ça n’en reste pas moins un outil et une plate-forme technique. Et après plus de 6 ans (pfouuuuuuuuu …) à faire (notamment) de la formation auprès de collègues enseignants, de bibliothécaires, de documentalistes et plus généralement de la "formation de formateur", ouvrir un blog a la complexité de l’évidence. Explication : vous savez faire du vélo ? Bon. Et cela vous paraît tout naturel, non ? Si bien sûr. Et même si vous reprenez votre vélo après 2 ans d’abstinence, vous savez toujours faire du vélo, et cela vous paraît toujours aussi naturel. Bon, et maintenant, faites un petit effort et souvenez vous de vos écorchures au genou, des longues heures (OK j’étais pas très doué) passées à tomber et à se relever. Et oui. Les blogs c’est comme le vélo. Il faut commencer par apprendre. Et par se former. Et, à ma connaissance, très (trop) rares sont les organismes de formation au sein de l’université à proposer de telles formations à leurs personnels. Donc, commençons par le commencement. Si on veut que les enseignants chercheurs blogguent, il faut les former (une journée, ou une demi-journée suffit).
  • une fois que cela sera fait, pourquoi ne pas suivre l’exemple d’Amazon. Imaginez le formidable outil de valorisation et de partage de la culture scientifique que pourrait constituer une plate-forme d’archive institutionnelle (cas d’école de celle de l’Ifremer) qui non contente de mettre à disposition d’étudiants et de chercheurs (mais aussi d’autres publics) les derniers articles publiés par les chercheurs, proposerait en parallèle à ceux-ci d’ouvrir leur blog pour recueillir (par exemple et non exclusivement) les commentaires de leurs lecteurs (façon peer-commenting). Cela permettrait sinon de régler, à tout le moins d’offrir une alternative intéressante aux problèmes d’autoritativité si bien soulignés par Evelyne. En y ajoutant un lien avec d’autres archives ouvertes, thématiques ou disciplinaires cette fois, ce serait encore mieux. Je rêve ?

Au fait Evelyne, dis, quand est-ce que tu l’ouvres ton blog sur l’autoritativité ? Sinon, pour ceux qui blogguent déjà, c’est par là 🙂

9 commentaires pour “To blog or not to blog

  1. Salut Olivier
    Un blog sur l’autoritativité ? euh… oui mais après la contrib pour Pédauque 3, le cr des industries culturelles, après le site web pour la lp, après les deux dossiers en cours en retard + tout le boulot à l’iut…
    Mais je le reconnais, le blogging est fascinant ! ça a quelque chose d’addictif (déjà à la lecture…).
    En tout cas, chapô pour ton blog (mais si, mais si !)
    A bientôt dans les terres de l’estuaire !
    EB

  2. La question du temps est une question clé. L’addiction en est une autre. Perso la solution que j’ai trouvé pour gérer l’ensemble tient en 2 aspects : l’intense activité culturelle de la vendée et la suppression de la télé 😉
    Sinon, pour t’entraîner sur la voie de l’addiction (eh oui, j’insiste), pourquoi un site web pour ta licence pro ? Fais donc un blog 🙂

  3. Les blogs et l’enseignement supérieur

    J’ai eu le plaisir d’être interviewé par Matthieu Bellon de l’AMUE (Agence de mutualisation des universités)au sujet des blogs. C’est une bonne chose que l’Amue s’intéresse à ce phénomène et l’article est très complet. A l’heure ou toutes les couches d…

  4. Le monde de l’éducation, Tic et blog

    Je ne pensais pas en écrivant mon billet Les enseignants, des non bloggers ? être ainsi dans l’air du temps.
    Depuis, j’ai découvert l’article d’educa.ch sur les Obstacles à l’intégration des TIC à l’école lui même écrit suite à la

  5. Les blogs universitaires français, un frémissement

    Y-a-t’il ou non un phénomène des blogs universitaires français? La publication d’un billet intitulé Blogs et enseignement supérieur par l’Amue (Agence de Mutualisation des Universités) le 17 janvier, a déclenché une série de réactions, qui…

  6. “Je rêve ?”
    Heu…oui, un petit peu ; parce que c’est sans compter avec les institutions et leur mode de fonctionnement chaotique, à contre-temps, en retard de trois guerres, hallucinant, désespérant.
    Ce que vous évoquez, c’est une articulation entre un mode d’expression personnelle, des pratiques de communication scientifique et un dispositif de communication institutionnelle. Pas simple à l’heure actuelle : à la fois parce que les institutions scientifiques et politiques subissent de très graves crises (de gouvernance par exemple), mais aussi parce que l’évolution des formes éditoriales sur Internet est ultra-rapide (le web me renvoie constamment au mythe de Protée).
    Il y a donc une réelle difficulté, ne serait-ce qu’en raison des temporalités différentes, à articuler les différents niveaux, et donc à mettre en oeuvre concrètement le programme que vous décrivez (et auquel j’adhère dans le principe). Des pistes pratiques ?

  7. Pierre> merci de reformuler si clairement mon billet (“articulation entre un mode d’expression personnelle, des pratiques de communication scientifique et un dispositif de communication institutionnelle”). Pas simple effectivement … MAIS … une partie (seulement) des difficultés pourraient être évacuées en pensant cette articulation non pas dans une logique d’intégration (car effectivement les temporalités sont trop éloignées) mais de complémentarité. Indubitablement, ce sont à l’heure actuelle les dispositifs techniques d’archives thématiques ou disciplinaires qui sont les plus avancées et les plus représentées (bien que l’on observe d’hallucinants écarts entre disciplines). Grâce à l’interopérabilité et aux standards qui régissent et sont naturellement implémentés dans ces plateformes éditoriales (OAI-PMH essentiellement) et “sous réserve” d’un effort significatif de nos chères institutions pour appuyer le déploiement d’archives institutionnelles, ces 2 briques là pourraient sans trop de difficultés (techniques) établir d’utiles passerelles et faire de leurs différences de temporalité un verteur d’harmonisation (pré-print déposés prioritairement sur archives institutionnelles par exemples et post-print sur archives disciplinaires). Concernant le 3ème volet (blogs et peer-commenting) c’est je vous l’accorde beaucoup plus compliqué. MAIS là encore il existe au canada des expérimentations ou sont intégrées aux archives institutionnelles via des ENT (environnements numériques de travail) les CV des chercheurs qui ont la possibilité de les compléter par des espaces plus personnels (et donc pourquoi pas des blogs). Un certain nombre d’étude ont montré :
    – que les mentalités des chercheurs avaient évolué positivement au sujet de ces modes de publication et de valorisation “ouverts”
    – s’appuyant en cela sur d’autres études démontrant que la visibilité des recherches individuelles n’était en rien diminuée sur des archives ouvertes (bien au contraire).
    Donc – et hélas je partage votre point de vue – c’est bien de nos chères iinstitutions que vient le problème. Sans oublier cependant les mastodontes de type “gatekeepers” qui vérouillent actuellement le monde de l’édition scientifique. En même temps, poour terminer sur une note optimiste, tout cela a davantage évolué en 5 ans qu’en presque 50 ans depuis l’invention de la bibliométrie 🙂

  8. Indicateurs scientifiques et blogosphériques

    Admettons que l’on dispose, pour un domaine ou un champ de connaissance (scientifique) donné, de suffisamment de blogs traitant dudit domaine ou champ de connaissance. L’activité de suivi de ces blogs se révèle déjà être per se une veille scientifique…

  9. formation continue, enseignement, e-learning… la suite en liens

    Je ne pensais pas être si bavard… aussi, je dois faire un deuxième billet sur le sujet de la formation continue, de l’enseignement, du e-learning car depuis quelques temps je collectionnais les billets sur ces sujets dans le but dans faire un article :-(…

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